DEBRAD NUM
Qui aurait cru que le pire ennemi que la Brume ait connu se voit consacrer toute une page dans l'Histoire de celui-ci ?
Et pourtant, malgré sa trahison et sa barbarie, Debrad fait partie intégrante du passé, du présent et peut-être de l'avenir du Royaume.
Aussi était-il nécessaire un jour ou l'autre d'aborder le sujet, aussi terrible soit-il.
Attention, ces lignes contiennent des révélations sur les deux ouvrages de "Par-delà les montagnes".
I / L'ORIGINE DE DEBRAD
- « Par-delà les montagnes, Prelude », page 8 a écrit:
- - Oh, moi on m'appelle parfois le bon-à-rien ou le berger des bouftous ravagés, mais je me moque de ces bougres
Debrad Num était un de ces bergers sans histoire, piètre chasseur à ses heures perdues, vivant loin de la civilisation auprès de sa femme, Felenaï, dans le coin de Bouftous de la forêt d'Amakna.
Le disciple de Feca reste toutefois, selon ses dires, un fidèle compagnon malgré ses nombreuses bourdes ou ses innombrables déboires. Néanmoins, il n'en reste pas moins un valeureux combattant au bâton, manipulant ses sortilèges avec une grande précision, mais ayant toutefois des lacunes dans la manipulations des glyphes et autres sortilèges d'entrave propres aux adorateurs de la déesse protectrice.
Son destin bascule lorsqu'il rencontre le jeune Irkol Serpastion, également disciple de Feca, parvenant à immobiliser sans effort un sanglier que Debrad chassait.
Impressionné par ses talents, il l'invita dans son foyer et Irkol devint rapidement une sorte de membre de la famille, gardant toutefois un terrible secret, l'origine de son périple à travers Amakna.
Ce secret sera révélé à Debrad par la suite, faisant naître par la même occasion le doute dans son esprit.
La mort est-elle inévitable ? Le cours du temps est-il écrit à l'avance ?
Et plus important, est-il capable de protéger Felenaï, la seule personne qui ait pu voir en lui un héros ?
II / D'UN CULTE A L'AUTRE
Les jours passent, Irkol à ses côtés. Lorsque les deux compères se rendent au temple de Xelor, espérant en tirer de nombreuses informations sur la divine Brume qu'Irkol prétend avoir vu, le déclic commence à s'opérer dans l'esprit de Debrad.
Malgré la bénédiction de Feca, les boucliers restent impuissants face au temps qui poursuit sa course et emporte tout sur son passage, ravageant la face du Monde des Douze à chaque seconde. Cette vision se voit accentuée lorsqu'Irkol, perdant le contrôle de la Brume qu'il essayait de manipuler fait apparaître l'ectoplasme d'un bandit de grand chemin. Celui-ci, croyant voir en Felenaï une victime de sa vie antérieure, se jette sur la bergère sans pitié ni remords, et la femme ne doit son salut qu'à un autre fantôme, répondant au nom de Wahn.
Se sentant impuissant face au cours du destin après cette scène, Debrad ne voit que deux entités mystiques pour l'aider à conserver son bonheur et son amour. La Brume, et Xelor, le grand Chronomaître.
Peu à peu, il se met à renier les enseignements de Feca pour ne se consacrer qu'à l'adoration du Grand Horloger, allant jusqu'à recouvrir son corps entier de fines bandelettes imperméables, selon ses dires, à toute perturbation temporelle. Malgré cette lubie, Debrad reste malgré tout le même bougre qu'il a toujours été, sympathique et serviable. Simplement plus... effrayant.
III / L'AVÈNEMENT DU ROYAUME
Irkol n'a de cesse d'invoquer de nouveaux esprits de Brume, attirant la peur de Felenaï mais aussi l'admiration de Debrad face à un tel prodige. Malheureusement, ce profond enthousiasme ne gagne guère les habitants des alentours qui chassent les trois compères. Cet élément fut chez Irkol, le premier déclencheur de l'ambition de créer une communauté à l'écart de ces sauvages, loin de ces actes de barbarie.
Leur errance commença alors, jusqu'à ce que miraculeusement, un Royaume naisse sous leurs yeux, le futur Royaume de la Brume. Ce Royaume, sans doute fruit de l'adoration et des prières acharnées d'Irkol Serpastion, nul ne savait s'il était réel ou s'il ne s'agissait encore que d'une illusion de la Brume. Protégé par un épais manteau de brouillard, seuls quelques élus parvenaient à voir les murailles et le château et rejoignirent vite cette nouvelle terre.
Nul n'est capable de déterminer la localisation exacte du Royaume : il est à la fois partout et nulle part, réel et illusoire. Mais pour Irkol, Debrad et Felenaï, il représentait un nouveau départ.
IV / LE TEMPLE DE LA BRUME
La vie du Royaume poursuivait son cours, les nouveaux arrivants ayant la chance de trouver le chemin du Royaume « par le plus pur des hasards » selon leur dire, affluaient sur ces terres.
« On ne choisit pas de rejoindre le Royaume, c'est la Brume qui vous y guide d'une manière ou d'une autre » s'amusait à affirmer Irkol. Seulement, la Brume semblait capricieuse. Pour l'honorer, il entreprit alors de bâtir un temple en son honneur, composé de six chambres : quatre pour les éléments au rez-de-chaussée, une pour le corps, et au sommet, perçant la Brume, la chambre de l'âme.
Aujourd'hui encore, nul ne sait les tâches affectées à ses protecteurs, mais parmi ces douze personnes figuraient Felenaï et surtout Debrad, gardien de la chambre des âmes, plus haute marche dans la hiérarchie du temple.
La seule règle ayant pu fuir jusqu'à nous était la suivante : aucun membre du Temple ne pouvait avoir d'enfants.
V / LE PACTE INTERDIT
Felenaï et Debrad n'avaient de toute manière jamais réussi à donner la vie avant leur entrée au Temple. Seulement, Debrad, du haut de l'immense tour, commençait à nourrir d'autres ambitions.
Parvenu à ce sommet, il entendait bien parfaire ses connaissances de la Brume, sous les enseignements d'Irkol devenu pour l'occasion Lokri Ier, Monarque de la Brume. Ce-dernier refusa pourtant d'accorder ce privilège à quiconque face au danger qu'un tel pouvoir représentait.
Le Monarque ne leur confia qu'une infime partie de son secret, suffisant néanmoins pour mettre en contact Debrad avec la Brume. Car la Brume, le flux des âmes trépassées, n'était pas constituée que de gentils hommes pacifistes mais aussi de grands guerriers n'ayant cure des désirs de tranquillité du Monarque.
Un soir, Debrad put s'entretenir avec Wahn, le fantôme qu'il avait rencontré lors de l'incident, chez lui. Les visites du fantôme se multiplièrent jusqu'à ce que Debrad et Wahn se révélèrent leurs ambitions mutuelles : le Xelor souhaitait contrôler la Brume et sauver sa femme en ayant le pouvoir de ramener à la vie ; Wahn, lui, ne désirait que retourner sur le Monde des Douze pour revivre son aventure de guerrier sanguinaire.
Wahn proposa alors la servitude de la partie belliqueuse de la Brume contre la seule chose qui lui manquait pour accomplir son dessein : un corps.
Face à ce lugubre marché, Debrad proposa à l'âme de Wahn d'habiter le corps d'un enfant, le corps de l'enfant qu'il aurait avec Felenaï, malgré les interdictions du Monarque.
Wahn trouva l'idée plaisante, le corps d'un nouveau-né opposant moins de résistance que celui d'un adulte en bonne santé. Mais malgré les miracles de la Brume qui parvinrent à donner un enfant au couple, l'esprit de Wahn ne put y pénétrer sans être accompagné de plusieurs autres esprits de la Brume, ce qui expliquerait les humeurs changeantes du futur héritier de la Brume, tantôt sage, tantôt tyran.
Du moins, c'est ce que l'histoire du Royaume aura retenu...
VI / L'ENFANT ABANDONNÉ
Baptisant l'enfant Wahn, comme ce guerrier ectoplasmique, le couple de Debrad et Felenaï dut imaginer un moyen d'occulter le nouveau-né du Monarque. Debrad avait la servitude d'une partie de la Brume, ce qui lui assurait une sécurité pour un temps. Mais tôt ou tars, Lokri Ier saurait ce qui se trame dans le Royaume.
Debrad décida alors de mettre l'enfant dans un endroit où personne n'irait le trouver : le campement des bworks, être que même le Monarque haïssait de tout son être malgré son infinie sagesse. Usant pour la première fois du pouvoir que la Brume lui confiait, Debrad parvint à forcer les Bworks à accepter le jeune Wahn en leur sein.
Ainsi grandit-il, tandis que son père voyait son pouvoir croître encore.
VII / AMBITION
Debrad comptait se servir des pouvoirs que « sa » Brume lui offrait. Dans un premier temps, il se rendit à sa première demeure du coin des bouftous, y retrouvant les vauriens qui l'avaient chassé. A ce jour, nul ne sait ce qu'il est advenu de ces hommes et femmes, si bien que leur histoire est tombe dans l'oubli et les tréfonds de la Brume.
A mesure que Debrad utilisait de la Brume, celle-ci se mêlait à son esprit, si bien qu'au bout du compte, Debrad ne la contrôlait plus : La Brume devenait l'unique maîtresse de son destin. Toutefois, elle avait besoin de se renforcer, d'accroître son emprise, et Debrad se devait d'en connaître tous les secrets.
Pour tester ses aptitudes, le disciple de Xelor voyait une âme disponible : celle de son propre fils. Déjà habité par la Brume, il faisait un cobaye de choix pour ses odieuses expériences, lui torturant l'esprit avant de lui laver le cerveau et lui faire tout oublier de sa visite, si bien qu'aujourd'hui encore, Wahn porte des séquelles de cette folie destructrice.
En même temps que les pouvoirs, son ambition grandissait, et il se plaisait à s'imaginer Monarque de la Brume. Malheureusement, Felenaï, alertée par les changements de comportement de son époux, parvint à en avertir Lokri Ier. Debrad fut alors emprisonné mais parvint à s'échapper des griffes de ses geôliers et de rejoindre le seul allié qui lui restait à ce jour.
VIII / VENGEANCE ET ERRANCE
Debrad gagna le village Bwork où il usa encore de la Brume pour se faire entendre de ses habitants.
Transformant ces barbares écervelés en dangereux guerriers, il ne rêvait que d'assiéger le Royaume avant de la faire disparaitre et tomber dans l'oubli, avant d'effacer tout souvenir de cet assaut à ses soldats. Il puinirait ainsi l'épouvantable trahison de sa propre femme qu'il souhaitait avant tout protéger.
Face à la confiance de Debrad et le doute envahissant Lokri, la Brume changea peu à peu de camp pour rejoindre Debrad, condamnant le Royaume à ne devenir que ruine et désolation. Mais cette bataille ne fut pas sans victime, si bien que Debrad tomba des mains du Monarque et rejoignit la Brume. Conscient que laisser l'âme de Debrad erre ainsi dans la Brume, Lokri Ier demanda à Wahn de le tuer lui aussi, afin qu'il veille sur cet esprit perverti.
Durant un siècle, le Royaume resta à cet état de ruine, champ d'un autre combat entre Lokri Ier et Debrad, cette fois-ci au sein même de la Brume. Alors que le Monarque parvenait à se matérialiser sur la terre ferme, Debrad, lui, n'arrivait qu'à légèrement influer sur les esprits du Royaume, causant de très mineurs troubles en sein de cette communauté
IX / UNE NOUVELLE TRAHISON
Ainsi se poursuivit la bataille durant un siècle, réduisant le Royaume au silence. Wahn, n'ayant gardé aucune trace de ces événements, ressemblait désormais à un vieillard en piteux état. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'on lui apprit la vérité sur son passé, et son destin ! Il reprendrait en main le Royaume de la Brume.
Passant tour à tour les épreuves du Temple, Wahn put assister à toute l'influence que pouvait exercer Debrad, même au sein du temple. Ce dernier prit en effet le contrôle d'un de ses membres et tenta de mettre un terme au parcours du retraité.
Mais la plus éprouvant fut celle de la chambre de l'âme, ancienne demeure du banni. Debrad, depuis la Brume, observait avec attention la scène : Wahn, mis à mal par les protecteurs du temple, devait revivre les souvenirs les plus pénibles de sa longue vie.
Survint alors une scène où l'on voyait Felenaï, usée par le temps et la tristesse, parler d'un enfant illégitime qu'elle aurait eu avec Lokri VII. Fou de rage d'avoir été une nouvelle fois trahie par la femme qu'il aimait et protégeait, l'esprit de Debrad parvint à descendre sur le Monde des Douze et à reprendre vie, tranchant au passage la tête de Lokri VII.
X / ET MAINTENANT ?
Debrad parvint ainsi à se libérer de l'emprise de la Brume, malgré les efforts du Monarque. Se libérant de son joug, il est désormais et malgré la défaite qui suivit ce retour sanguinaire, libre de tout mouvement en Amakna.
Nul ne sait quelle est l'étendue réelle de sa puissance, ou si la Brume lui accorde encore toute sa confiance.
Mais le Royaume sait une chose : cet homme... ou plutôt cette bête tant la folie lui a volé tout ce qui pourrait faire de lui un humain... Cette chose est dangereuse.[/center]