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 Le Bouclier Originel

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Lan-Boor

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MessageSujet: Le Bouclier Originel   Le Bouclier Originel Icon_minitimeMer 3 Aoû 2011 - 9:28

LE BOUCLIER ORIGINEL


Chapitre I : Les racines du Mal.


La grande bibliothèque de Brâkmar. Bien que ses usagers se comptassent sur les doigts de la main d’un manchot, elle n’en demeurait pas moins riche d’ouvrages anciens, d’œuvres rares et autres trésors littéraires.
A l’écart des étagères sombres et poussiéreuses avait été aménagé un espace de travail. Au fond de la salle principale se dressait une longue table de marbre noir dont les pieds étaient lourdement sculptés de crânes. Des chaises confortables capitonnées de velour pourpre l’entouraient et de grands chandeliers en os de chafers recouverts d’argent offraient l’éclairage nécessaire à l’étude des documents.
La moitié de cette table était occupée d’épais manuscrits, d’amoncellements de livres et d’anciens parchemins en langues oubliées, d’atlas et de cartes aux trésors.

Derrière cette accumulation de connaissances dépassait une masse de cheveux blancs.
Elle se releva soudain, révélant le visage d’une jeune Fécate irritée.
« Non, non et non ! Celui-ci non plus ! » fit-elle en refermant le livre devant elle avant de rayer sur un calepin le nom de l’œuvre qui l’avait déçue.
« Dranreb ! appela-t’elle d’un ton sec. Range tout cela et ramène-moi le Fécatalogue ! Je ne m’y retrouve plus ! »
Dranreb Tovip, bibliothécaire aviaire de Brâkmar depuis son plus tendre duvet, acquiesa et se mit vivement au travail. Tout en déposant le Fécatalogue devant la colérique jeune femme, il l’observa du coin de l’œil.

Lan Boor était connue dans la cité de Djaul et pour cause : entrée dans la Milice très jeune, elle avait gravi un à un les échelons du pouvoir grâce à son intelligence et une soif de puissance que n’égalait que son orgueil.
Bien que disciple de Féca la Protectrice comme le soulignait son apparence, Lan n’hésitait pas à griller quiconque la contrariait. Autant dire qu’à Brâkmar, refuge de la canaille et des desespérés, le sillage de Lan avait des parfums de barbecue.

Dranreb dévisagea rapidement Lan et pensa qu’elle aurait pu être belle si ses sourcils couleur de neige ne restaient tout le temps froncés et si sa bouche joliement dessinée ne se tordait pas si souvent en un rictus maléfique.
« Ah ! Le voilà ! s’écria soudainement la Fécatte en le faisant sursauter. Faute de mieux, j’ai besoin de celui-ci.
La jeune femme mit le lourd volume sous le bec du « maître » des lieux en pointant du doigt un nom sur la longue liste des œuvres de la bibliothèque.
-Heu…, bafouilla Dranreb. Votre Vilainie n’est pas sans ignorer que ce livre fait partie de la collection privée consultable que par le Seigneur Djaul lui-même ?
Lan Boor pinça rageusement les lèvres et le hiboux humanoïde imagina ses chères plumes réduites à l’état de cendres dans les secondes suivantes.
-Allons Dranreb, mon chèr Dranreb ! Ne fais pas tant d’histoires. Je ne vais pas déranger notre Seigneur pour une broutille pareille ! Apporte-moi ce livre ! Et en vitesse !
-Mais euh…Votre Deliquescence…
-Si tu y tiens je peux aussi t’infliger tout de suite le supplice que notre Maître réserve à ceux qui le font déranger pour rien ? Tu sais pourtant qu’il m’apprécie et m’octroie tout ce que je veux ! »
Dranreb retenait son souffle, subjugué par les yeux de la milicienne. La colère les faisait passer peu à peu du vert des jeunes feuilles à celui plus sombre des typhons et, le bibliothécaire l’aurait juré, des éclairs brillaient au fond de ses prunelles.
« Bien, bien Votre Cruauté ! Je vais vous le chercher immédiatement ! » lacha-t’il paniqué.

Quelques minutes plus tard, le malheureux savant déposait devant la Fécatte calmée un petit livre usé, relié d’un cuir de bouftou semblant avoir assisté à l’Aurore Pourpre tant il était tâché de sang et déchiqueté.
Lan sourit, de ce sourire mauvais qui faisait tressaillir le documentaliste, et feuilleta délicatement le carnet. De sa plume de corbac elle nota sur son calepin les renseignements qu’elle tirait de l’antique recueil et, ses recherches terminées, le rendit à Dranreb.
« Et bien voilà, pas la peine d’en faire la remarque à Djaul bien sûr », lui dit-elle en souriant. Malheureusement pour Dranreb, ce sourire signifiait clairement « un mot de tout ceci à quiconque et les miliciens dîneront de la volaille à lunettes grillée ». Le vieux volatile déglutit difficilement et hocha plusieurs fois la tête. Satisfaite, Lan se leva et quitta la bibliothèque d’un pas décidé, son calepin à la main.

Passant devant le magasin d’un tailleur, elle en profita pour acheter une nouvelle sacoche et y rangea son précieux calepin. Vérifiant dans le miroir de la boutique l’allure que lui donnait sa nouvelle acquisition, Lan en profita pour remettre de l’ordre dans sa coiffure. Ses longs cheveux blancs avaient la fâcheuse habitude de s’ébouriffer à la moindre occasion tout comme le faisaient ceux de son père. Elle rectifia quelques plis à son bustier et sa jupe de cuir rouge et repris le chemin des geôles.
Lan n’était pas coquette mais la personne qu’elle allait rejoindre avait un don pour la critique acerbe et aimait trop se moquer de « son allure de paysanne mal dégrossie » pour lui en laisser l’occasion.
Arrivée devant le haut bâtiment de la milice, Lan le contourna et, par une porte dérobée à l’arrière, accèda directement à la salle de torture jouxtant les geôles.

Yavel était bien là, terminant son service. Elle observait tour à tour les instruments, vérifiant leurs mécanismes, resserrant ici une presse qui ne broyait plus suffisamment des doigts bontariens, rajoutant là du sel sur une plaie qui ne saignait plus, soufflant sur les braises qui ne grillaient pas assez vite ses victimes…bref, faisant son travail de bourreau.
Lan attendait patiemment à l’écart que sa demi-sœur finisse ses vérifications, nullement gênée par les cris et gémissements des suppliciés.
Mis à part la couleur de leur cheveux, rien ne trahissait la parenté des deux jeunes femmes. Yavel et Lan avaient certe la même mère, l’Osamodas Tapla Oussafémal, mais pas le même père.
Lan était née d’un premier mariage et son père, Chuialla Boor, disciple de Féca, s’était noyé dans le port de Madrestam. En retard comme à son habitude, il avait tenté de sauter du quai sur le pont du bateau en partance pour l’île des Wabbits. Tombé à l’eau et trop faible pour maîtriser le sort de téléportation, il se noya sous les yeux des marins et des voyageurs. Aucun ne tenta de lui porter secours et, du haut de ses quatre ans, Lan sentit la graine de la haine germer en son cœur.
Tapla se remaria l’année suivante avec le disciple de Sram Ak’Anor. Il lui donna une fille, Ak’Yavel, qui suivit les traces de son père.
Si les filles de Tapla avaient hérité des caractéristiques physiques de ses époux, elles avaient reçu de leur mère un caractère bien trempé ainsi qu’une passion pour les familiers ; même si certains terminés grillés, en ragoût ou dépecés à coups de dagues (donc en ragoût).
Après le décès de leur mère dans une chasse au Meulou, Ak’Anor les abandonna aux portes de Brâkmar. Les liens de Lan et Yavel s’en trouvèrent renforcés : elles s’entraidèrent et se protégèrent l’une l’autre jusqu’à leur entrée dans la milice des Démons.
Lan avait alors treize ans et fut envoyée au front avec d’autres enfants pour servir de boucliers humains. Elle développa ainsi prodigieusement vite ses capacités fécates de protection et d’entrave. Aujourd’hui haut-gradée, elle ne songeait qu’à augmenter sa puissance de feu.
Yavel restait avec les autres bambins considérés comme trop jeunes encore –même pour des Brâkmariens- et qui servaient d’esclaves aux miliciens en repos. Alors qu’ils les aidaient à un transfert d’Anges vers la salle de tortures, le Sacrieur Maître Bourreau remarqua que seule Yavel ne se détournait pas des instruments ensanglantés. Elle osait même promener ses doigts fins sur les pointes effilées, les lames tranchantes et observait d’un air fasciné les rouages des appareils les plus complexes. Le Sacrieur la prit aussitôt sous ses larges ailes de Démon pour lui apprendre le métier. Yavel devint vite une tortionnaire crainte des prisonniers. A présent, elle travaillait avec le Maître Bourreau sur un pied d’égalité, partageant avec lui les heures de travail et certaines heures de la nuit.

Son ouvrage terminé, la Sramette se tourna vers Lan et lui fit signe de la suivre. Les deux sœurs sortirent de la salle de tortures, croisèrent le Maître à qui Yavel remit les clefs et un baiser et quittèrent la Tour de la Milice.
Un trajet en zaapi, une grillade de soldat aux mains trop balladeuses au goût de Lan et la commande d’une bouteille de rhum plus tard, elles s’attablaient dans un coin sombre de la taverne du Chabrûlé.
Là, des rires gras et des chansons paillardes hurlées par des Légionnaires on ne peut plus saoûls couvriraient leur discussion, leur offrant une intimité, certes bruyante, mais à l’abri des oreilles indiscrètes.

Siroptant son verre de rhum, Lan exposa à sa sœur ses plans, son calepin ouvert sur ses notes à l’appui. Yavel l’écoutait distraitement, plus attirée par les vociférants miliciens que par une aventure dangereuse.
« Rappelle-moi en quoi ce bouclier est si spécial, finit-elle par demander à Lan en baillant ostensiblement.
-C’est le Bouclier Originel de Féca ! Je t’en ai déjà parlé pourtant ! Papa me racontait souvent que Féca ayant acquis trop de connaissances et de pouvoir en déposa une partie dans son premier bouclier. Ensuite, elle le cacha sur notre Monde et partit reprendre ses études. Si nous trouvons ce bouclier, à nous la connaissance et la puissance !
-Bof ! Une puissance pareille te servirait à quoi ? Tu protèges déjà très bien et…
-A Djaul la protection des autres !, tempéta la Fécate. Ce que je veux c’est pouvoir me protéger moi-même et avoir assez de puissance pour faire ce que tu sais !
-Te protéger toi-même ? C’est pourtant le rôle des Fécas de protéger les autres !
-Et qui nous protège, nous ? Nous ne sommes pas de vulgaires boucliers ! Si mon père avait compris ça, s’il s’était montré plus égoïste, il aurait tout fait pour devenir plus fort au lieu de se contenter d’être une mule à protection. Personne ne l’a protégé quand il est tombé à la mer ! Personne ne l’a sauvé ! Ils l’ont juste regarder se noyer… »
Yavel ne répondit pas, se contentant de retirer le verres des mains de Lan qui pleurait de rage. Decidemment, sa sœur ne saurait jamais boire et aurait toujours l’alcool triste.
« Alors ? Quand partons-nous et pour où ? » lui demanda-t’elle pour lui rendre le sourire.
Le pseudo-enthousiasme de Yavel eut l’effet escompté : Lan sécha ses larmes et de son sourire maléfique lui répondit :
« Demain à la première heure, nous prendrons le zaap pour Sufokia ».


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MessageSujet: Re: Le Bouclier Originel   Le Bouclier Originel Icon_minitimeMer 3 Aoû 2011 - 9:29

Chapitre II : Les Germes d’une équipe.


La pluie battait violemment sur les volets clos. Dans la pénombre de l’étroite pièce où elle dormait recroquevillée, Lan Estesian ouvrit un œil.
La Sacrieuse bailla, étirant ses bras autant que le permettait son confinement et tendit l’oreille. Son Maître dormait encore, elle pouvait entendre son souffle rauque de l’autre côté de la porte close qui la retenait prisonnière.
Lan entoura ses genoux de ses bras, attendant la levée du jour. Ses yeux fixaient une fente dans le volet par laquelle elle guettait les premiers signes de l’aurore.
Cette nouvelle journée de servitude, elle le pressentait, serait la dernière…


Non loin de là, deux silhouettes encapuchonnées couraient sur les pontons de Sufokia. Souple et légère, la première disparut à un angle pour reparaître devant la banque.
Ak’Yavel se hissa sur la pointe des pieds pour regarder par une lucarne l’intérieur de la bâtisse. Elle sourit en analysant les pièges, les possibilités de les éviter et en lorgnant sur l’énorme coffre fort qui l’attendait au bout de la pièce.
La Sramette sortit d’une de ses poches un poignard épais et entreprit de déchausser les barreaux qui la séparaient de sa future richesse.
Soudainement, une main s’abattit sur son épaule et l’arracha à son travail.
« Ce n’est pas le moment Yavel ! Je suis trempée jusqu’aux os, la taverne est fermée et nous n’avons toujours pas trouvé le vieux fou ! Tu t’amuseras quand nous aurons « interrogé » ce Roft. »
Lan Boor n’était pas à l’aise, Yavel s’en était rendue compte. Plusieurs fois depuis leur arrivée par le zaap de Sufokia, sa demi-soeur avait jeté des regards par-dessus son épaule, craignant d’être suivie.

Les deux jeunes Brakmâriennes reprirent leur chemin, fouettées par la pluie et l’écume que le vent soulevait de la mer en furie en de grandes gerbes arrosant la ville maritime.
L’aurore jetait de maigres lueurs pourpres entre les nuages, ne faisant que peu de concurrence à la luminosité des éclairs. La tempête, loin de se calmer, semblait décupler de rage.
Et celle de Lan Boor augmentait avec elle.
« Fichtre de foutre ! Mais c’est quoi ce dédale ? finit par hurler la Fécate à bout de nerf. On tourne, on tourne…et pas moyen de trouver la maison de ce fichu Roft !
-Tu es sûre de l’adresse au moins ? Si ce livre est si vieux, peut-être a-t’il déménagé depuis sa parution.
-Je ne crois pas non : Larak Roft était un chercheur de trésors connu pour n’avoir jamais pu mettre la main sur un trésor sans l’aide d’une certaine Hindia Nadjônsse. Et quand ils avaient enfin trouvé l’objet de leurs recherches, celle-ci n’avait de cesse de hurler « Un musée ! Sa place est dans un musée ! »
-Hum, je vois…Une Fécate sans doute…
-Peu importe ! Le résultat fut que Roft resta sans le sou. Il n’a pu déménager, mais à l’adresse que j’ai trouvée il n’y a que ces vieux entrepôts pourris ! »
Lan Boor désigna d’un large mouvement du bras plusieurs bâtisses délabrées servant aux pêcheurs pour le rangement de leur matériel.
« Réfugions-nous dans l’un d’eux en attendant une accalmie. »
Yavel ne se fit pas prier pour forcer la serrure d’une des cabanes et toutes deux entrèrent dans le bâtiment. L’obscurité régnait en ce lieu mais l’odeur de poissons pourris fit renoncer aux deux sœurs de chercher une lampe à tâtons.
« Tu ne peux pas faire une flammiche ? On y verrait plus clair, demanda Yavel en scrutant le ciel par la porte ouverte.
-Il y a trop d’humidité, je ne peux invoquer de feu sans consumer toute mon énergie. Attendons un éclair : à sa faveur nous pourrions découvrir une torche et si elle est assez sèche, je l’enflammerai.
-Je croyais que tu ne pouvais invoquer de feu ?
-Oui, mais moi je suis assez intelligente pour partir avec un briquet en amadou ! »

La foudre zébra le ciel. Les jeunes femmes se trouvèrent nez-à-nez avec un Enutrof édenté brandissant une pelle, prêt à frapper Lan.
Par réflexe, la Fécate activa ses armures sur elle et sa sœur, invoqua sa tenue de combat et se positionna, prête à se défendre. L’Enutrof s’immobilisa. Il ne s’attendait pas à avoir affaire à une guerrière.
« Je t’ai entendue, fit-il à Lan en se déplaçant lentement sur le côté. Tu ne peux pas utiliser tes pouvoirs, Fécate ! Donne-moi ton sac et tes équipements et je te laisserai partir en un seul morceau.
-Tu plaisantes ? lui répondit Lan avec un sourire narquois. Je n’ai rien à craindre de toi si ce n’est des puces ! »
Le vieillard ne répondit pas tout de suite, se contentant de grommeler dans sa barbe. La jeune femme devant lui avait l’air sûr d’elle et sa position ne l’avantageait pas : la foudre illuminait l’intérieur de la cabane, révélant à Lan le moindre de ses gestes. Par contre, la Fécate se tenant à contre-jour, lui ne pouvait deviner ni ses mouvements, ni ses intentions.
« Allons jeune fille, ne fais pas l’idiote, je te laisse une dernière chance ! » proposa-t-il de sa voix nasillarde.
Lan fit alors quelque chose qui le surprit. Elle abaissa son bâton et revint à une position neutre, semblant abandonner l’affrontement. Le vieillard sourit, mais au moment où il allait s’avancer pour s’emparer de son butin, la foudre s’abattit sur la cabane voisine. Le puissant flash illumina le sourire diabolique qu’affichait Lan. L’Enutrof sentit ses jambes se dérober sous lui, en proie à la panique. Quelque chose clochait.
Avant qu’il ne puisse réaliser ce qu’il se passait, il sentit la pointe d’une dague s’appuyer fermement entre ses omoplates.
« Nt, nt ,nt ! On ne bouge plus ! » lui susurra Yavel en apparaissant derrière lui.
Le vieil homme se maudit. Voilà ce qui lui avait échappé : la Sramette qui accompagnait la Fécate s’était rendue invisible dès que les armures la protégeaient. Elle avait fait tranquillement le tour pendant que Lan faisait diversion, obligeant l’Enutrof à ne pas la quitter des yeux sous peine de se prendre un coup de bâton mortel.
« Pff ! Pauvres crétines !, cracha-t-il en colère. La Fécate ne peut se servir de ses pouvoirs incandescents et au moindre changement de pression dans mon dos, je vous assomme toutes les deux ! »
Le ricanement du vieillard mourut dans sa gorge devant le sourire carnassier de Lan Boor.
« Mes pouvoirs incandescents dis-tu ? » Lan partit d’un rire démoniaque qui fit trembler le nunu.
« Tu as raison : je ne peux m’en servir dans cet environnement ! Alors je te laisse le choix, que préfères-tu ? Je peux t’écraser sous la pression de mes bulles ou te foudroyer d’une attaque nuageuse, que décides-tu ? »
La Fécate ponctua sa phrase d’un geste et la foudre s’abattit au bout du ponton, faisant voler en éclats les planches et enflammant une partie du passage. Lan fit un autre geste et une gigantesque bulle d’eau de mer s’éleva au-dessus des vagues. La Fécate, d’un mouvement d’index, la fit s’écraser sur le début d’incendie devant le regard médusé du vieillard.

« Alors Papy, tu disais quoi déjà ? » demanda Yavel d’une voix mielleuse en lui retirant la pelle des mains.
L’Enutrof la laissa faire, fixant toujours l’endroit où la bulle de la Fécate avait atterri détruisant le peu de planches que l’attaque nuageuse avait laissé.
« Grmm…C’est vous ! Votre faute ! Moi j’dormais tranquille et vous, vous débarquez chez moi et…
-QUOI ?
Yavel lâcha le vieillard de surprise : jamais elle n’aurait imaginé que quelqu’un puisse dormir dans un taudis pareil. L’odeur seule la dérangeait, elle qui pourtant était habituée à la puanteur des geôles brâkmariennes et aux relents des victimes de ses tortures.
Le nunu profita de sa liberté retrouvée pour se glisser rapidement vers une porte branlante dont il tira le verrou en hurlant :
« Lan ! Attaque !
-A vos ordres !
-A vos ordres ! »
Lan Boor et Lan Estesian avaient répondu en même temps.

La Fécate avait déjà formé plusieurs bulles pendant la pseudo-fuite de l’Enutrof et, maintenant, elle les projetait avec force sur le vieillard qui commençait à l’énerver.
La Sacrieuse entra en transe et marmonna quelques sorts. Alors qu’un des boulets aqueux s’apprêtait à toucher le nunu, celui-ci se transposa avec son esclave. Estesian reçut le choc sans broncher, bien que du sang jaillît de sa bouche.
Lan Boor suspendit ses bulles et analysa rapidement la situation. Elle ne s’attendait pas à ce qu’un Sacrieur entre dans la danse et cela l’inquiétait. Elle jeta un regard à sa demi-sœur qui observait la seconde Lan en fronçant les sourcils. La Fécate pensa que sa Sramette de sœur avait dû remarquer quelque chose qui lui avait échappé mais elle avait beau dévisager la Sacrieuse, elle ne parvenait pas à deviner de quoi il s’agissait.
« LAN ! TUE-LES ! », hurla en postillonnant le vieil homme, les yeux exorbités par la colère.
Estesian fit un pas en avant, chancela un instant et repris ses incantations.

Un nouvel éclair illumina la pièce et Lan Boor distingua enfin ce que sa sœur avait tout de suite compris.
L’odeur de décomposition.
Elle ne venait pas des poissons, mais de la jambe gauche de la Sacrieuse. Malgré les pouvoirs de régénération de sa classe, sa jambe avait pris la teinte noirâtre et le gonflement des membres nécrosés par la gangrène.
Lan Boor fronça du nez. L’odeur était vraiment atroce et chaque mouvement de sa nouvelle adversaire l’augmentait outrageusement.
« Ne bouge plus !, cria Yavel avec une grimace de dégoût. Je reconnais la marque sur ton épaule : tu as été vendue n’est-ce pas ? »
Une fois de plus, le sens de l’observation de la Sramette surprit Lan Boor qui chercha des yeux ce dont sa sœur parlait.
Elle remarqua alors, sur l’épaule droite de la Sacrieuse qui tremblait de fièvre mais tenait pourtant debout, une cicatrice. La Fécate n’en revint pas que Yavel ait pu la distinguer dans l’obscurité ambiante alors que la peau de cette Estesian était naturellement noire comme le charbon.
« Le trident des pirates de Barbara Ouge. Mon Maître Bourreau à Brâkmar m’a raconté comment cette voleuse d’enfants s’emparait des petits Sacrieurs pour les revendre en tant qu’esclaves. Elle les marquait de son trident, sa « marque de fabrique ». Ils valent une fortune de par leurs résistances, mais il semble qu’elles ne t’aient pas suffit avec un tel maître ?
-Assez ! Taisez-vous ! Et toi espèce de propre à rien, tue-les ! », cria le nunu en saisissant une longue canne à pêche souple posée près de lui. S’en servant comme d’un fouet, il frappa violemment la jambe malade d’Estesian. Gémissant sous la douleur, celle-ci mit un genou à terre et, tremblante, se releva difficilement.

« Je vois…, dit calmement Lan Boor en rangeant son bâton. Je te fais une proposition, Sacrieuse. Tu abandonnes le combat, et je m’arrange pour que ce vieux débris ne te fasse plus jamais de mal.
-QUOI ?, s’étrangla celui qui venait d’être insulté.
-Tu as bien entendu, « vieux débris », lui sourit Yavel. Ma chère sœur est après tout une Fécate. Au fond, elle aime protéger. Surtout les personnes de valeur.
-De la valeur ? Estesian ? Laisse-moi rire ! » L’Enutrof partit d’un rire qui se termina en un gargouillis quand il reçut une des bulles de Lan Boor dans l’estomac.
« Une personne qui se relève dans son état a forcément une grande valeur. Toi ! La Sacrieuse, Estesian c’est bien ça ? Je t’emmène avec moi. Tu nous serviras, ma sœur et moi durant notre voyage. En échange, je te ferai soigner : je connais une alchimiste qui se fera une joie de réparer la faute d’un de ses congénères. »
La déclaration de la Fécate surprit Estesian qui, après quelques secondes de réflexion, sourit amicalement à ses libératrices.
« Mais c’est du grand n’importe quoi !, vociféra l’Enutrof. Tu la libères de l’esclavage pour en faire TON esclave ?
-Non ! Je la libère de ses tourments pour en faire une femme libre de me servir. Nuance ! Yavel, regarde si tu peux arranger sa jambe et lui donner quelque chose contre la fièvre. Je ne voudrais pas qu’elle nous claque entre les doigts avant d’avoir atteint le village d’Amakna.
-Et pour ce Roft alors ? On ne le cherche plus ? » demanda la Sramette en sortant de sa besace onguents et bandages.
A ces mots, le nunu écarquilla les yeux et fit mine de courir vers la sortie avant d’être stoppé net par un croc-en-jambe.
Etalé au sol, il massa sa mâchoire et, se retournant, se retrouva face à une Lan Boor hilare.
« C’est qu’elle prend vite ses aises dites-moi !, fit la Fécate en désignant du menton la Sacrieuse qui retira sa jambe, un sourire en coin. Dis-moi, ton ancien maître, si tu ne l’avais pas…stoppé…il serait parti prévenir Roft de notre arrivée c’est ça ?
-Non, répondit Estesian de sa voix roccailleuse. Larak Roft, c’est lui. »

Décidément, elles allaient de surprise en surprise, ne put s’empêcher de penser Lan Boor.
Elle agrippa Roft par le col et le releva de force, le traînant à demi jusqu’à un tonneau pour l’y asseoir. Yavel se plaça aussitôt derrière lui et, à l’aide de deux dagues habilement glissées sous sa gorge, lui fit comprendre qu’au premier mouvement suspect sa tête irait rouler à quelques pas de son corps.

« Mais…mais…qu’est-ce que vous m’voulez ? chevrota-t-il, apeuré.
-Juste quelques renseignements, rassure-toi. J’ai lu ton carnet de voyage… Passionnant… Surtout ce passage, sur une grotte mystérieuse enfermant un code indéchiffrable…Tu vois ce dont je parle, n’est-ce pas ?
-Euh… oui… oui : la Grotte du Bouclier Perdu. Hindia et moi étions sur la piste d’un mystérieux Bouclier magique mais arrivés dans cette grotte, nous n’avons trouvé qu’un texte ancien que nous n’avions pas su traduire.
-Oui c’est tout à fait ça à un détail près : tu as oublié de noter où se situait cette grotte. Or il se trouve que je souhaite VRAIMENT y aller. »

A présent, Lan Boor se tenait penchée sur le vieillard, ses yeux plongés dans les siens. Larak y lut sans peine un désir d’obtenir ce qu’elle voulait qui ne souffrirait aucun refus, mais aussi une cruauté sans limite.
Tremblant de tous ses membres, il hocha la tête et Lan Boor lui mit aussitôt dans les mains une plume et son précieux carnet. Roft y coucha d’une écriture incertaine les coordonnées que les Brâkmariennes souhaitaient et le lui rendit.

« Merci bien !, lui fit Lan en rangeant son carnet dans sa sacoche et en faisant un signe de tête à Yavel. Estesian, en avant ! Nous nous rendons au village d’Amakna faire le plein de provisions et te faire soigner par la même occasion.
-Eeeeh mais ! Lâchez-moi !, se plaignit Larak alors que la Sramette le poussait sans ménagement vers la sortie. Je vous ai dit tout ce que vous vouliez !
-Justement ! Nous n’avons plus besoin de toi ! Adieu vieux croulant ! » lui répondit Yavel avant de l’égorger.
Larak hoqueta une dernière fois et, d’une poussée de la Sramette, tomba dans l’océan qui l’engloutit à jamais.
« Etait-ce vraiment nécessaire de le tuer ? demanda Estesian à son homonyme fécate.
-Je ne tiens pas à ce que d’autres apprennent l’existence de ce trésor. Ni même que je suis à sa recherche. Tu m’as bien comprise ? »
Estesian regarda dans les yeux Lan Boor. Ils n’étaient pas menaçants, juste…prévenants. Si elle tentait quoi que ce soit contre cette Fécate ou cette Sramette, nul doute que Boor la poursuivrait pour lui faire la peau. Quoi qu’il lui en coûte.
Estesian sourit à Boor et celle-ci lui rendit son sourire. La Sacrieuse n’avait nullement l’intention de les trahir. Bien au contraire : elles venaient de se faire une nouvelle alliée. Mieux : une nouvelle amie.

Yavel essuyait ses dagues en regardant la pluie avec les deux Lan. Les nuages commençaient à se dissoudre dans le ciel et les rayons du soleil ne tarderaient pas à illuminer Sufokia d’une journée riche pour la police locale.
Elle aurait à élucider la destruction d’une cabane de pêcheur et d’un bout de ponton, la disparition mystérieuse du vieux Larak Roft et l’étrange incendie qui se déclara dans l’habitat de ce dernier quelques minutes à peine après la fin de la tempête. Enfin, ils auraient à dresser un procès verbal sur le cambriolage de la banque de Sufokia et faire leur enquête sur trois suspects dont les silhouettes furent vues s’enfuyant avec leur butin vers le zaap, vers une destination connue d’elles seules.
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MessageSujet: Re: Le Bouclier Originel   Le Bouclier Originel Icon_minitimeMar 10 Jan 2012 - 14:40

Chapitre III : La vieille branche et le bûcheron.


Le soleil de midi illuminait le village d’Amakna, révélant les beautés de la paisible campagne environnante. Les maisons laissaient échapper des volutes de fumée qui promettaient de délicieux déjeuners aux familles de la contrée et le linge étendu claquait sous le vent léger qui répandait des senteurs de lessives et de ragoûts dans la plaine.

Malheureusement pour elles, Lan Boor, Ak’Yavel et Lan Estesian respiraient une odeur nullement appétissante. La blessure de la Sacrieuse empuantissait la tente à l’orée du village où toutes trois étaient réfugiées. Outre la jambe d’Estesian, la tente elle-même ne fleurait pas le printemps, son parfum rappelant plus la sueur d’un bwork n’ayant jamais entendu parler de savon que les fleurs des champs.
Malgré les premiers soins de Yavel, la blessure d’Estesian avait empiré au point que la sramette l’avait étroitement enroulée dans un drap « emprunté » aux étendages au cas où ce membre plus pourri que malade ne se décidât à tomber.

Elles étaient arrivées par le zaap du village, cachant leurs ailes brâkmariennes pour échapper aux traqueurs bontariens plantés là nuit et jour. Le sort d’invisibilité de Yavel leur avait permis d’échapper à la vérification de leur identité, au grand dam de Lan Boor qui enrageait de voir des ennemis sans pouvoir en carboniser un ou deux. La Fécate avait soutenu Estesian, à demi groggy par la fièvre qui semblait vouloir l’emporter auprès de sa déesse d’un instant à l’autre.

A présent, Lan Boor observait, soucieuse, sa protégée allongée, gémissante, sur une peau de milimulou rapiécée, une vieille couverture en laine de bouftou mitée étendue sur elle.
-Mais que fait-elle bon sang ? Elle en met du temps ! rouspéta Lan.
-Elle ne devrait plus tarder, ça doit faire deux heures qu’elle est partie, la potion doit être prête, répondit Yavel en entrouvrant un pan de toile donnant sur l’extérieur.
L’air frais entra, chassant pour quelques instants l’air vicié de leur abri. Lan soupira. Elle s’était assise en tailleur au niveau de la tête de la Sacrieuse et, régulièrement, rafraichissait le front de la malade à l’aide d’un chiffon à la propreté douteuse trempé dans un seau d’eau qu’elle tenait à ses côtés. Yavel, ses instincts de Sramette à l’affut, se tenait dans l’ombre de l’entrée, une main sur son poignard. Elle guettait les allées et venues hors de la tente, reconnaissant les pas lourds d’un soldat, le mouvement feutré d’une femme ou les sautillements d’un enfant.
Alors que Lan terminait d’éponger la sueur couvrant le visage d’Estesian, Yavel fit un geste, lui faisant comprendre que celle qu’elles attendaient arrivait enfin.
Une main potelée repoussa la toile de tente et une petite disciple d’Enutrof entra, l’air bougon. Elle se dirigea droit vers le fond de la tente, bousculant les sœurs qui n’osèrent pas rouspéter et commença à fouiller dans le tas d’objets entreposés là et que Yavel avait pris pour un tas d’immondices.
Lan Boor observait la vieille dame saisir une boîte, la secouer près de son oreille et la rejeter en arrière en grommelant, les deux sœurs esquivant du mieux qu’elles pouvaient ses projectiles improvisés.
La robe bleue de l’Enutrofette se balançait au rythme de ses recherches, faisant ressurgir dans l’esprit de Lan les souvenirs de son enfance.

Quelques temps après la naissance de Yavel et durant le peu d’années qui précédèrent leur abandon devant les portes de Brâkmar, leur mère avait entrepris de chasser les bêtes les plus dangereuses du monde des Douze. Ne pouvant laisser ses filles seules et ne comptant pas sur l’aide de son époux de l’époque - le père de Yavel disparaissant des jours durant pour ses « affaires » - Tapla avait fait appel à sa voisine d’alors : Kantyl Pleufépabo. Les petites filles eurent tôt fait de troquer le surnom populaire de Mère Kantyl pour le sobriquet Mamie, ce qui n’était pas pour déplaire à la vieille chercheuse de trésors en mal de famille.
Bien que séparées par la distance, la Mère Kantyl, Lan Boor et Ak’Yavel gardèrent contact durant toutes ces années, et si Kantyl ne les avait pas adoptées lors de leur abandon par le Sram Ak’Anor, ce n’était d’après elle que « par faute de kamas pour les élever ». Les deux sœurs se doutaient bien que leur Mamie ne manquait pas de ressources mais un Enutrof étant un Enutrof, elles ne lui en tinrent pas rigueur.
Kantyl se démenait donc au milieu de ses fioles et de ses sachets d’herboriste, relevant de temps en temps ses lorgnons ou son chignon de cheveux blancs, l’un comme l’autre ayant la fâcheuse habitude de lui retomber en bas du nez dès qu’elle se penchait un peu trop en avant.
Finalement, elle se redressa les mains sur les reins et Lan fut surprise du nombre d’articulations capables de craquer à la suite.
-Screugneugneu de screugneugneu ! bougonna Kantyl.
-Un problème Mamie ? Tu n’as pas encore terminé la potion pour Estesian ? demanda Lan.
-Non ma p’tite, il me manque des écorces d’Abraknydes et des feuilles de menthe. Pour la menthe je peux me débrouiller, mais pour les écorces…
-J’ai remarqué une cabane de bûcheron pas loin. Je suis certaine qu’elle a un coffre bien garni…Je peux aller vérifier si elle contient quelques écorces ? demanda la disciple de Sram.
-Non ma p’tite Yavel, avec tous ces mercenaires à la solde de Bonta qui rodent en ce moment, se faire prendre en pleine effraction ne serait pas une bonne idée.
-Je n’ai jamais dit que me faire prendre faisait partie de mon plan ! souffla, vexée, la jeune Sramette.
Mère Kantyl s’assit un moment, et la main sous son menton, commença à réfléchir à voix haute.
-Les Eniripsas sont sur le pied de guerre avec tous ces blessés qui leur parviennent des deux camps ; les bûcherons ont des commandes de bois des deux armées et ne pourront nous fournir en quoi que ce soit ; quant aux Sadidas, autant leur demander de s’écorcher eux-mêmes plutôt que de toucher à un arb…
Kantyl ne finit pas sa phrase, restant bouche bée quelques secondes. Les deux sœurs se regardèrent, surprises, et d’un mouvement synchrone, se bouchèrent le nez en grimaçant.
-Tu as ENCORE bangé du pichon bariné aux oignons Babie ? demanda Lan en refermant la bouche de la vieille dame d’une petite tape sous le menton.
-Hein ? Quoi ? Ah ! euuuh oui, pourquoi me demandes-tu ça ? fit Kantyl en reprenant ses esprits.
-Oh pour rien ! répondit Yavel en s’essuyant les yeux où des larmes perlaient.
-Screugneugneu ! Faut pas m’interrompre quand je réfléchis mes p’tites ! Je tenais une solution !...Hum…Ah oui ! Magh !
-Quoi ? demandèrent en chœur les deux sœurs.
-Pas « quoi », « qui » ! Magh Dah le Ligneux. Un Sadida chassé par ses pairs pour avoir épousé la voie des bûcherons. Il n’a pas été embauché par les armées vu qu’il est trop lent pour fournir du bois avec sa manie de faire des siestes toutes les deux heures, il pourra donc nous aider ! Je vais aller cueillir les feuilles de menthe. Lan, tu restes ici et tu t’occupes de ton amie. Yavel, tu te rends invisible et tu parcours la forêt interdite. Magh y est surement. Guide-toi à ses ronflements pour le trouver.
-Pourquoi est-ce Yavel qui y va et pas moi ? demanda Lan qui en avait assez de rester cloitrée dans une tente dont l’odeur ferait fuir le plus coriace des charognards.
-Premièrement parce que ta sœur peut se rendre invisible et éviter ainsi les gardes bontariens ; deuxièmement parce que Yavel n’est pas une fanatique qui sacrifiera sa discrétion juste pour griller un Ange ou deux ; et enfin parce que Magh est sensible aux « charmes dangereux pour ne pas dire mortels » des disciples féminins de Sram.
-Il craque vraiment pour celles de ma classe ? demanda, Yavel, surprise.
-Oui ma p’tite mais méfie-toi ! Magh est loin d’être un imbécile : s’il se rend compte que tu cherches à le charmer pour mieux le duper, il te rendra la monnaie de ta pièce ! Et Magh Dah est un Sadida tout en force et en muscles, tu ne t’en sortirais pas indemne !
-J’ai compris Mamie, je reste une vraie disciple de Sram : je le trouve, je prends ce que je veux sans qu’il ne s’en rende compte et je me sauve !
Estesian choisit ce moment pour gémir lamentablement. Lan Boor fit remarquer qu’il faudrait se presser avant que les ingrédients ne servent à fabriquer un onguent d’embaumement pour la Sacrieuse et Kantyl suivit de Yavel-rendue invisible par ses talents de Sram- se faufilèrent à l’extérieur.

Kantyl emprunta le zaap, se plaignant du prix prohibitif de ce moyen de transport, tandis que Yavel, sur le dos d’une monture volée à un enclos tout proche, traversait à toute allure les bois. Ses sens de disciple du Dieu Sombre en éveil et guidée par des ronflements sonores faisant fuir prespics et chamchamps, elle trouva rapidement Magh-Dah le Ligneux.
Yavel descendit de sa monture et, une fois aux côtés du Sadida, jaugea sa force avant de tenter de le réveiller d’un coup de pied dans les côtes. Malheureusement pour Yavel, Magh-Dah, non content d’être immense même pour quelqu’un de sa classe, était aussi très fort. Trop fort en tout cas pour que le coup donné par la Sramette ne lui arrache autre chose qu’un grommellement endormi.
Yavel se massait le pied endolori tout en marmonnant quelques injures bien senties. Réveiller un Sadida dans une salle de torture elle savait faire, mais en pleine nature cela semblait plus coriace. Yavel dégaina une de ses dagues, piquant sans le blesser le bûcheron en espérant le faire rouler sur le côté et lui voler ainsi sa sacoche durant son sommeil. Magh grogna et se tourna effectivement sur le flan gauche, dévoilant aux doigts agiles de Yavel son sac de bûcheron. La Sramette fouilla rapidement dedans, trouva un sachet rempli d’écorces d’Abraknydes et s’apprêta à partir.
-Mouais…Trop facile ! souffla la jeune femme en revenant sur ses pas.
Magh dormant toujours. Yavel vida l’intégralité de la sacoche dans son propre sac de voyage. Elle projeta de revendre à bon prix les bûches de bois rares, les bourgeons et plantes bizarres récoltées par le Sadida, mais aussi le Bworky qu’elle avait dû assommer avant de le séparer de son propriétaire.
-Ce n’est pas possible, il est mort ou quoi ? se demanda-t-elle en constatant que sa fouille et le rangement de son butin n’avait même pas fait ciller le bûcheron. Un ronflement sonore la rassura sur la santé de l’homme en face d’elle mais au lieu de partir, ses yeux prirent un air rieur.
-« Il n’y a pas de petits vols » et « Quand on commence une mise à sac, on la termine ! » comme disait papa !
Et Yavel de se faire une joie de retirer les gants, sa hache au Sadida ; étouffant un rire quand celui–ci s’esclaffa dans son sommeil alors qu’elle lui ôtait sa ceinture ou quand il marmonna une histoire de « semelles pas assez solides » du fond de ses rêves alors qu’elle lui volait ses bottes.
Quand elle eut fini de ranger ses acquisitions sur la dragodinde, Yavel se retourna une dernière fois sur Magh Dah, toujours endormi et souriant comme un enfant dans son sommeil. Elle envoya un baiser au Sadida à qui elle avait tout de même laissé son pagne, invendable selon elle vu la taille, ou alors à un trool mais Yavel doutant que les trools aient de l’argent, elle ne prit donc pas cette peine. Cependant l’idée de voir le Sadida courir tout nu dans la forêt la fit sourire. Le temps qu’elle mit à peser le pour et le contre du rapt du dernier vêtement de Magh, celui-ci se réveilla en baillant et en s’étirant.
Il se rendit compte tout de suite que quelque chose n’allait pas, sans savoir ce qui lui semblait le plus bizarre : sentir l’herbe lui chatouiller les orteils là où il devait y avoir ses bottes ou de voir cette Sramette avec sa ceinture par-dessus l’épaule et juchée sur une dragodinde chargée comme une mule. Il se releva d’un bond et Yavel compris aussitôt qu’elle allait avoir des soucis : Magh couché lui avait semblé bien moins grand qu’il ne l’était en réalité. Le géant poilu s’avança vers elle, sans se presser, et Yavel éperonna violemment sa monture. Celle-ci fit un bond en avant… et s’effondra, sous le rire sonore du Sadida.
-Hahaha ! On me vole en dépassant ses capacités de pods ? Tu fais une bien piètre Sramette !
Rougissant de honte, Yavel sortit sa dague et la lança de toutes ses forces sur le bûcheron. Elle n’avait pas eu l’intention de le tuer, puisque c’était un ami de Mère Kantyl, mais face à l’insulte elle ne pouvait le laisser vivre plus longtemps, question d’honneur. La dague se figea dans l’abdomen du Sadida qui se contenta de la regarder, surpris comme le serait quiconque découvrant un moskito tentant de le tuer à coups de dard.
-Hum, je n’ai pas le temps de jouer, grommela l’imposant bûcheron. Je dois encore couper une stère d’érable avant ma sieste de 11h. Rends-moi mes affaires je te prie.
Le calme de Magh ne fit qu’augmenter la fureur de Yavel. Non content que sa dague ne lui ait rien fait, il fallait en plus que ce bonhomme poilu lui fasse la politesse. Il poussa le vice jusqu’à aider sa dragodinde à se remettre sur ses pattes en la déchargeant de son fardeau, la libérant du même coup puisqu’elle était restée la jambe droite coincée sous sa monture.
Dès que la dragodinde fut debout, Yavel tenta de sauter sur ses pieds pour prendre la poudre d’Escampette avec la part de butin que le Sadida n’avait pas récupérée. Mais à peine se retrouva-t-elle sur ses pieds qu’une douleur vive vrilla sa cheville droite. L’ancienne bourreau reconnue tout de suite une entorse, ce qui l’a fit gémir, plus de frustration que de douleur. Il faut savoir que pour les Srams, leurs articulations sont très importantes puisque c’est elles qui leurs confèrent une agilité et une souplesse propres à leur classe.
Yavel essaya néanmoins de faire un pas, perdit l’équlibre sur son pied blessé et s’effondra contre le Sadida occupé à se rhabiller en sifflotant.
Se retrouver avec une Sramette dans les bras eut pour effet sur le Sadida qu’a l’été sur les tomates : il devint en quelques secondes tellement rouge que Yavel crut un moment qu’il s’étouffait ; ce qui n’était pas tout à fait faux puisque Magh avait le souffle coupé.
-Euuh…ça va ? le questionna Yavel.
-Humpf !
Il n’en fallait pas plus pour qu’une idée germe dans l’esprit de Yavel. Elle ne pouvait plus marcher pour ramener les écorces à Mamie, surtout que le bûcheron les avait récupérées ; alors autant se faire ramener PAR le bûcheron qui se chargerait également de transporter les écorces et ses équipements qu’elle pourrait lui re-voler plus tard.
-Ouh-lalaa ! Que j’ai mal ! se mit à geindre la Sramette, feignant de devoir se soutenir en passant un bras autours du cou de Magh.
-Humpf !
-Moi qui devait apporter des écorces à mon amie qui est mourante, mais comment vais-je faire à présent ?
-Humpf !
-Vous qui êtes si fort, vous pourriez peut-être me porter jusqu’au village non ?
Le Sadida repris aussitôt sa couleur normale et, soulevant un sourcil inquisiteur, grogna :
-Grmf ! Tu me prends pour un imbécile ? Tu me voles, tu me poignardes et je devrais croire que si tu t’apprêtais à partir avec mes collectes et mes bottes c’était pour sauver une amie ?
-Euuh, c’est un malentendu voyons ! Bon d’accord, je vous ai volé et poignardé, mais que voulez-vous : réflexes ! répondit en minaudant Yavel en désignant ses vêtements de disciple de Sram. Oh allez, soyez un brave garçon ! Je suis sûre que Kantyl vous remerciera en vous offrant une récompense !
-Kantyl ? La Mère Kantyl ?
-Oui, pourq…
-Hahahaha !
Magh Dah se plia en deux, son rire tonitruant faisant fuir les animaux aux alentours.
-La Mère Kantyl « offrir » quelque chose ! Et une « récompense » en plus ! Huhuhuhu !
D’une main, il s’essuya les yeux où le rire faisait perler des larmes et de l’autre souleva Yavel qui se retrouva dans les bras du géant Sadida, position qu’elle trouva vite confortable puisqu’elle n’aurait pas à marcher pour rentrer, qu’en plus elle jouissait d’un point de vue bien plus haut que sur une monture et qu’enfin elle pouvait à tout moment planter une dague dans le cou du Sadida si l’envie lui prenait.
-Si tu es une amie de cette vieille branche de nunu, alors je veux bien te venir en aide. Mais attention: si tu m’as menti, je te brise le cou !
Yavel se laissa donc transporter jusqu’au village d’Amakna par Magh qui traversait la forêt à grandes enjambées.
Lorsqu’ils arrivèrent à la tente, Yavel annula le sort d’invisibilité qui leur avait permis de traverser le village sans encombre et entra dans la tente. Magh jeta un coup d’œil au petit espace sombre et, après avoir jugé que se recroqueviller en boule pour respirer une odeur nauséabonde sous le regard d’une Fécatte peu amène ne le tentait pas plus que cela, il décida de s’installer à l’extérieur. Assis en tailleur dos à l’entrée de la tente, il ne perdit pas une miette de la conversation à l’intérieur.

Mère Kantyl était déjà là, occupée à broyer des feuilles de menthe dont la douce effluve ne parvenait malheureusement pas à masquer la puanteur ambiante. Elle remercia Yavel et Magh pour les écorces, en choisit une quantité en la soupesant dans la paume de sa main, et après les avoir jetées dans le mortier les broya avec la menthe et d’autres ingrédients tenus secrets.
Les deux sœurs observèrent l’Enutrofette juger la qualité du résultat de son travail, prendre une bonne pincée du broyat entre deux de ses doigts potelés et… en bourrer sa pipe.
-Aaaah ! Rien ne vaut un tabac préparé soi-même mes p’tites, c’est moi qui vous l’dit ! dit Kantyl en allumant sa pipe et en tirant de petites bouffées de fumées mentholée sous le regard médusé de Lan et Yavel (et le rire étouffé de Magh).
-Mais… mais… Et Estesian Mamie ?? s’indigna Lan qui songeait à tout ce temps perdu pour un caprice de grand-mère.
-Hein ? Estesian ? Mais la panique t’a embrouillé l’esprit ma p'tite ! Tu as toujours ta baguette rhon sur toi non ?
-Oui Mamie, soupira Lan. Mais vu la gravité de son état, la blessure de s’effacera pas d’un coup de baguette. D’autant qu’un coup suffirait à l’achever.
-Je ne veux pas la guérir à coups de rhon, je veux juste qu’elle soit suffisamment consciente une minute ou deux.
Sans discuter d’avantage, Lan Boor sortit sa rhon, protégea Estesian de ses armures de Féca et donna un léger coup de baguette à la sacrieuse. Cette dernière gémit légèrement et entrouvrit des yeux fiévreux.
-Lance un sacrifice vitalesque ! Vite ! lui ordonna Kantyl.
La sacrieuse s’exécuta, marmonnant son sort avant de perdre de nouveau connaissance.
Ayant compris où voulait en venir la nunu, Lan continua de rhon Estesian, ses armures puis le sacrifice vitalesque empêchant à cette dernière de subir des dommages tout en profitant des soins. Très vite, la jambe de la sacrieuse redevint normale, la fièvre disparut et Estesian reprit connaissance.
-Lan, la prochaine fois que cette sacri se fait blesser, n’oublie pas que son châtiment vitalesque et ta rhon peuvent la sauver ! Elle lance son châtiment, tu la tape sur la tête : c’est le combo Doli-crâne, idéal contre la douleur et la fièvre.
Lan Boor grava le conseil avisé de la nunu dans un coin de son esprit. Elle songea en observant la sacrieuse et la sramette discuter douleurs et châtiments avec en fond sonore les ronflements de Magh que l’expérience de la Mère Kantyl pourrait lui être utile, tout comme la force du Sadida.

-Dites moi Mamie, Magh-Dah, l’idée de devenir riche, suffisamment pour ne plus rien avoir à faire pour le restant de vos jours vous tente-t’elle ? demanda la Fécate, un sourire en coin.


Il fut décidé que Magh se chargerait d’aller acheter les ressources nécessaires à leur voyage –Mamie n’ayant « plus un sou poche »- tandis que Lan et la nunu discuteraient du plus court chemin vers la grotte mystérieuse. Pendant ce temps Yavel devraient espionner les troupes bontariennes pour connaître leurs emplacements dans les plaines rocheuses et Estesian finirait de récupérer de sa blessure.

Le voyage vers les plaines de Cania allait pouvoir commencer…
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MessageSujet: Re: Le Bouclier Originel   Le Bouclier Originel Icon_minitimeVen 25 Mai 2012 - 15:47

Hahaha! Je vous ai fat drôlement attendre hein? Allez, tenez bande de petits veinards! *va se faire dégonfler les chevilles*

Chapitre IV: Salaces de Géant Vert.


Plaines de Cania.
Magh Dah, le géant Sadida, posa un genou à terre, ivre de souffrance. Il avait tenu plus longtemps que Lan et Yavel. Cette dernière était à bout de souffle tandis que les yeux de sa sœur étaient noyés de larmes.
Jamais aucun des aventuriers n’aurait cru un jour devoir endurer un tel enfer. Tout leur corps reflétait l’état de meurtrissure dans lequel ils se trouvaient. Recroquevillés, mâchoires serrées, les traits tirés dans une expression de peine, priant les Dieux pour que cesse cette torture qui semblait terroriser jusqu’à leurs âmes.
Seule la disciple de Sacrieur parvenait encore à tenir debout.
Estesian avait activé ses châtiments dès les premières douleurs ressenties et l’énergie qui se dégageait d’elle était presque palpable. Une aura de pouvoir l’entourait et, en transe, l’ex-esclave détruisait tout ce qu’elle touchait. Cependant, même elle commençait à atteindre ses limites et du sang ruisselait de ses oreilles.
Lan Boor s’en était rendue compte et alors que Magh grimaçait, soutenant Yavel qui menaçait de s’évanouir, la Fécate emplit ses poumons et hurla.
-AAAAAAAASSSSSSSSSEEEEEEEEEZ !

Mère Kantyl se tut aussitôt, déçue de ne pouvoir entamer le quarante-sixième couplet de sa chanson de marche « 100 kamamètres à pieds, ça use les souliers».
L’idée de faire chanter Mamie pour éloigner les possibles prédateurs avait fonctionné. Au-delà de leurs espérances d’ailleurs : Lan aurait juré avoir aperçu quelques cailloux rouler pour échapper au chant horrible de la nunu.
Essuyant les larmes qui ruisselait sur son visage, Lan Boor observa la plaine qui s’étendait autours d’eux. Plus un seul Kanigrou à l’horizon. Pas plus de Craqueleurs, qui s’étaient enfuis également, ni même de blops, qui eux avaient explosé dès les premières notes de l’atroce chanson Enutrof.
Yavel reprenait ses esprits, Magh tanguait encore un peu et Estesian déchargeait la puissance accumulée sur un rocher qui se demanda ce qu’il avait bien pu faire aux dieux pour être pulvérisé d’un coup.

Lan Boor sortit son carnet et une carte des lieux, repéra le chemin à suivre et fit signe à ses compagnons de la suivre.
Ils se trouvaient encore à une demie journée de marche de la grotte renfermant le Bouclier de Féca et Lan voulait l’atteindre avant la nuit.
La troupe se remit donc en marche, Kantyl en queue de file, bougonnant que «Screugneugneu, les jeunes ne reconnaissaient plus la bonne musique.»
Soudain, alors que nos héros n’avaient parcouru que quelques mètres, la vieille Enutrof (pléonasme) se figea, reniflant l’air autour d’elle tel un meulou traquant sa proie.
-Laaan, mamie a encore disjoncté, fit remarquer d’un air las Yavel.
-Qu’est-ce qui lui prend? demanda Estesian à Magh qui haussa des épaules, tout aussi intrigué qu’elle.
La Mère Kantyl reniflait de plus en plus fort, déambulant sur le chemin et finit par lâcher en fixant un énorme rocher qu’ils avaient dépassé quelque temps plus tôt:
-Kaaamaaaaa...
La disciple de Féca soupira, fit comprendre à ses camarades qu’ils pouvaient s’asseoir et entreprit de leur donner une explication tandis que la vieille chercheuse de trésors galopait à quatre pattes, flairant une piste invisible et bavant de temps à autre «kaamaaa».
Lan expliqua donc que Mamie avait senti l’odeur d’un kama et qu’on ne pourrait plus rien en tirer temps qu’elle ne l’aurait pas en poche. Magh fit remarquer que l’argent était sensé ne pas avoir d’odeur ce à quoi Estesian lui répondit que celui de son ancien maître sentait le poisson pourri alors que Yavel rétorquait qu’elle aimait quand ses kamas fleuraient encore la peur et le sang de leurs anciens (et défunts) propriétaires.
Mamie avait profité de leur échange pour atteindre le rocher cachant son «préccciiiiiieeeeeux» et l’avait sérieusement entamé à coups de pioches. En deux temps trois mouvements, elle parvint de l’autre côté du rocher au travers du trou qu’elle avait créé (Estesian demanda à Lan Boor pourquoi Kantyl n’avait pas simplement fait le tour, ce à quoi la Fécate répondit que l’amour -des kamas ici- rendait Iop).
Sur le sol, miroitant au soleil, se trouvait bel et bien un kama. Ni une ni deux, Mamie tendit sa main, des étoiles dans les yeux, et la referma... dans le vide. Un roublarbot, cliquetant et bringuebalant tenait dans une de ses pinces la pièce d’or et se dirigeait avec vers une jeune et jolie roublarde embusquée un peu plus loin.

Cette dernière fut assez surprise de voir accourir vers elle une espèce de monstre nain échevelé, édenté, à l’odeur douteuse et dont le cri ressemblait en gros à «SEMONKAMAPATOUSH!» La voleuse cru bon d’échanger le kama contre une bombe de son cru et Mamie se retrouva donc avec entre les mains une petite explobombe qui lui aurait gentiment refait le portrait si Lan Boor qui était venue voir ce qui se passait ne lui avait pas lancé une immunité. Apercevant la Fécate qui avait remarqué sa bombe entre les mains de cette, euh... chose et qui commençait à avancer d’un air menaçant vers elle, la Roublarde voulut prendre ses jambes à son cou.
Elle ne fit pas deux pas qu’Estesian usa de son sort d’Attraction pour la ramener vers eux et finit coincée sous une énorme bloqueuse que Magh invoqua directement sur elle.
Immobilisée par la poupée, la poseuse de bombe (surnommée «VOLEUZMESKAMAHAMO» par Mamie) se prépara donc à passer un sale quart d’heure, se doutant même qu’il s’agirait du dernier de son existence.

Lan Boor posa un genoux près de sa tête et lui susurra:
«-Dis-donc toi, tu ne nous suivrais pas par hasard?»
La Roublarde déglutit. L’intonation douce de la voix de la Fécate contrastait avec la lueur meurtrière de son regard.
«-Je disais donc, repris Lan en jouant négligemment avec son Rod Gerse, ne serais-tu pas là dans l’espoir de nous espionner?
-M...M... Moi? Mais pas du tout! Lança la roublarde en souriant autant que lui permettait l’étouffement de la poupée et la perspective de se faire ouvrir le crâne par la brâkmarienne. Je ne suis qu’une pauvre et innocente jeune disciple de Sram qui cherche aventure!
-Ersatz de disciple de Sram, poseuse de bombes à la manque, persiffla Yavel.
-Une disciple de Sram dis-tu?, demanda Lan à sa prisonnière, foudroyant sa soeur du regard pour l’avoir interrompu dans son interrogatoire.
-Oui, nous autres Roublards, sommes des serviteurs de Sram mais contrairement aux Srams eux-même, nous, on a la classe!
-SHBAM!
Lan Boor ne fut pas assez rapide et Yavel venait de proprement assommer sa rivale usant pour cela du roublarbot de cette dernière; roublarbot dont il ne restait à présent que quelques boulons épars et des morceaux de taule épousant élégamment la tête de sa propriétaire évanouit.
-Ah bien bravo! Et je l’interroge comment moi maintenant? Je me demande quand même ce qui a pu lui mettre dans la tête de nous suivre à celle-là?!, s’énerva Lan Boor.
-Humpf!
-Gné? Qui a fait «humpf»?
-Humpf!
La Fécate se retourna et découvrit Magh qui avait bizarrement l’air très intéressé par la croissance de ses ongles de pieds. Lan remarqua aussi que le Sadida était fort rouge, enfin plus que d’ordinaire puisque la présence de sa Sramette de soeur ne le laissait pas indiffér...
-MAGH! CRETIN POILU! HORMONE SUR PATTES!!, se mit-elle à hurler en cognant à coups de Rod le Sadida qui tentait de la calmer par des «Allons, allons...», ce qui bien sûr ne faisait que redoubler la fureur de Lan qui avait pourtant l’impression de cogner de toute ses forces, à croire que le Ligneux était véritablement fait de bois d’Orme.
Pendant que Lan Boor calmait ses nerfs sur Magh, Estesian avait bandé la tête de la roublarde en attendant qu’elle reprit ses esprits. La Sacrieuse avait dû garder son sang froid devant les propositions de Yavel de la réveiller à coups de dagues ou celles de Mamie de lui faire les poches «histoire de lui apprendre que voler les honnêtes gens c’est mal».

Magh ramena Lan vers le cercle qu’elles formaient autour de la roublarde. Il tapotait l’épaule de la Fécate en lui disant doucement «Là, là, c’est fini, tout va bien..» alors que celle-ci continuait de lui marmonner des insultes de moins en moins vraisemblables mais de plus en plus originales (pour votre seul plaisir et votre culture en voici quelques-unes: koin-koin à roulettes, mulou en bas-résille, coiffeur pour boufmouths, travers-de-porc-grillé-supplément-oignons-pas-de-cornichons-merci, gelée contrebassiste...).
Le Sadida profita que Lan boudait du manque de souffrance qu’il avait fait montre à son égard pour raconter sa rencontre avec la Roublarde.
Elle était gentiment en train de piéger l’échoppe d’un charcutier («l’impartialité» de Magh vis-à-vis des Sramettes n’étonnait plus ses compagnes de route) alors que lui même y faisait ses provisions pour la route. L’attentat ayant échoué, -«Elle débute, elle est mignonne» fit-il remarquer avec un tendre soupir qui arracha un «gnagnagna» jaloux à Yavel-, elle lui demanda si «tout costaud comme il est» il ne pouvait pas lui servir de porteur et emmener son matériel derrière la banque.
Magh accepta de bon coeur d’un «Humpf!» béat (ça il ne le dit pas mais ses comparses l’imaginaient très bien) et transporta les biens de la Roublarde jusqu’au lieu dit.
Une fois sur place, la jeune fille sut briser la glace -on ne sait comment- et le Sadida se montra loquace sur ses projets d’aventures pour plaire à Bakudan (puisque c’était son nom).
Lan Boor murmura quelque chose où il était question de «pinces chauffées à blanc» et d’arrachage de certains organes du poilu. Mamie, Estesian et Yavel fixaient d’un air consterné le Géant Vert qui s’était fait légumiser et mettre en boîte par la première nénette venue.
Magh, lui, continuait à soupirer et à sourire béatement aux souvenirs que lui avait laissés celle qu’il surnommait «ma p’tite bombe».
S’en était trop! Lan Boor attrapa le Sadida par la barbe, fixa ses yeux écarquillés de rage dans les siens et lui hurla que si sa p’tite bombe les approchait encore à moins d’un kamamètre, elle les exploserait tous les deux.
Le Sadida hocha de la tête. Si les coups de bâtons de Lan ne lui faisaient guère de mal, il ne pouvait jurer de résister à une attaque nuageuse et il aurait juré qu’une attaque feu aurait une mauvaise incidence sur sa qualité capillaire, si chère pourtant à son peuple.
Il jura donc à Lan qu’il ne parlerait plus de leur expédition à quiconque. Il laissa néanmoins quelques vivres et une poupée gonflable près de Bakudan toujours assomée. Face aux sourcils froncés de Lan il haussa les épaules: «Je ne pouvais quand même pas la laisser comme ça, on n’est pas des bêtes!», ce à quoi Yavel rétorqua «Pourtant quand ça a des poils comme un chienchien, que ça bave devant les dames comme un chienchien et que ça remue la ...
-On avance!, la coupa Lan, pointant du doigts les pentes escarpées des montagnes de Cania.

Ils firent route sans encombre, guidés par le carnet récupéré à Sufokia, et quand la nuit tomba ils étaient arrivés devant l’ouverture d’une grotte.
Le passage était étroit, Magh et Mamie durent se contorsionner pour entrer et Mamie émit même un petit «plop!» lorsque son corps se débloqua soudainement tel un bouchon de champagne.
Si l’entrée était étroite, la grotte, elle, était immense.
De gigantesques stalactites ornaient son plafond, menaçant les visiteurs d’une mort rapide mais néanmoins désagréable. Les murs étaient partiellement couverts d’une mousse phosphorescente qui laissait entrevoir des gravures anciennes représentant Féca dans toute sa splendeur.
Un ancien temple Féca.

Nos héros s’enfoncèrent plus avant dans l’antre, guidés par la luminosité de la mousse multicolore. Plus ils avançaient, plus le lieu se transformait en un temple digne de ce nom. Des dalles de marbre fin couvraient à présent le sol où ils marchaient, de gigantesques statues de Féca mise en scène avec un des onze autres dieux étaient dressées régulièrement, des fontaines taries depuis des siècles faisaient jaillir des gueules de bouftons d’or et d’argent ciselés des gerbes de plantes luminescentes.
Ce spectacle féérique arrachait des exclamations d’admiration aux aventuriers. Mais pas à Lan.
La disciple de la déesse à qui appartenait les vestiges de ce temple avançait d’un pas décidé vers le fond de la salle immense. Elle ne jeta pas un regard aux merveilles qui l’entouraient, ses yeux écarquillés brillant d’envie fixés sur une seule chose: les deux vantaux d’une porte colossale dont le bois finement sculpté cachait, pour peu de temps encore, le trésor qu’elle convoitait.
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MessageSujet: Re: Le Bouclier Originel   Le Bouclier Originel Icon_minitimeMer 18 Juil 2012 - 16:17

Je me suis faite attendre, mais la fin est proche... MOUhahHAHaha!
HRP/ Nouvelle mise en page avec les dialogues en gras. J'attends vos commentaires pour savoir si le texte est ainsi plus lisible. Merci! /HRP



Chapitre V: Les Secrets du bois...

Magh, Yavel et Estesian avaient rejoint Lan devant l’imposante porte.
Mamie, restée à l’arrière, farfouillait derrière les statues, grattait les fontaines, tapotait les murs à la recherche de caches secrètes pouvant receler quelques trésors.
Le trottinement de la vieille dame ne déconcentrait nullement la Fécate.

Lan s’était agenouillée devant les vantaux et avait disposé devant elle des objets qu’elle sortait de sa besace: son précieux calepin contenant ses notes, une plume de corbac neuve, une petite bouteille d’encre de kralamour et quelques feuilles de parchemin vierge.

Ses préparatifs terminés elle se mit à scruter la porte comme le faisaient déjà ses compagnons (hormis Mamie qui continuait de courir de-ci, delà en farfouillant partout).

Les deux battants de bois rare - même Magh ne sut l’identifier - étaient finement sculptés sur tout leurs contours d’arabesques gracieuses.
Celles-ci avaient été rehaussées à l’argent le plus pur et les gravures florales qui les terminaient étaient enchâssées de pierres précieuses: or pour le coeur des fleurs, émeraudes pour les feuilles et sépales, rubis, saphir, onyx et ambre pour les pétales.
Lan sourit en pensant que si Mamie arrêtait cinq minutes de gesticuler pour les rejoindre, la petite bonne femme n’aurait de cesse de s’en prendre à coups de pioches à cette oeuvre d’art.

Au centre de chaque ventaux on découvrait un panneau de bois plus sombre recouverts d’inscriptions dorées à l’or fin. Elles égrenaient un antique poème qui attendait depuis des siècles d’être décrypté.
Là où auraient dû se trouver d’énormes poignées se tenaient une barre d’argent d’une coudée de long et large d’une main, où étaient fixées cinq petites coupes d’argent également.

L’ensemble était saisissant de beauté.
Le temps n’avait -semble-t’il- pas osé y toucher.
Les plantes cavernicoles du temple offraient un écrin végétal à la porte gigantesque sans que la moindre feuille ne vienne ne serait-ce que l’effleurer.
Quelque chose, un je-ne-sais-quoi de mystique l’auréolait.
Quiconque l’observait croyait voir la magie du bouclier nourrir les fleurs de métal et pierres précieuses, les voyant presque croître sur la porte, dernières gardiennes d’un trésor oublié.

Lan prit l’un des parchemins posés devant elle et entrepris de recopier le texte qui courait sur les deux panneaux centraux.
Pendant ce temps, Magh observait la mousse luminescente de plus près, lui murmurant à voix basse des prières sadidas.
Estesian tentait de déchiffrer les inscriptions mystérieuses et Yavel avait sorti une de ses dagues pour tenter de déchausser quelques pierres du bois sombre.

Quand Lan eut terminé son travail, elle appela ses compagnons autours d’elle.
Après avoir calmé Mamie qui s’était mise à baver abondamment face à la porte richement décorée (Yavel dû la convaincre que les pierres devaient avoir été collées magiquement puisque ses coups de dagues n’avaient servi à rien), la Fécate leur demanda de se concentrer.

Le texte semblait avoir été écrit dans une langue inconnue et s’ils voulaient atteindre le trésor caché ici, ils devaient mettre leurs intelligences en commun.

Lan lut donc le texte à voix haute:

«Idi seqote me Qsenies Coudmies
Fe ma Féette fet Hasfiept
Rui toujaive me wois dadjes
Fet toncset ânet ev nauwaitet naipt.

Nait fapt top innepte tahette
Emme qesnev upe ezdeqviop
Qous ru’ep top pon fe Féette
Ep toiv gaiv utahe fe qsovedviop.

Qous ru’ep fet venqt toncset qmeip f’eggsoi
Up hsouqe fe jésot djoitit qous meust ânet
Wieppepv sédmanes me Coudmies fe Géda
Ev féqote à Csâlnas ma gmanne

Ru’ Analpa gmeusittenv à pouweau
Ru’ Atvsuc tepve touggmes me wepv
Rue Qapfama sepaittepv fe tet gmovt
Ev Copva vsouwe fet fianapvt.

Jésot auz doeust qust sedjesdjeb me tawois
Ev ma quittapde qous qsovéhes wot qsodjaipt.
Met ânet nauwaitet aqqsepfsopv meust fewoist
Ev qupiet qas Géda essesopv tapt gip.»
«- Et en lisant les lettres dans le bon ordre, ça donne quoi?, demanda Yavel avec un regard déconcerté vers sa soeur.
- Tu n’as pas tout à fait tort Yavel, lui répondit Lan. Je ne pense pas, contrairement à Roft, que ce soit une langue oubliée. Il s’agit rien de moins qu’une énigme basée sur le langage, les lettres.
- Screugneugneu! Il n’y a que les Fécas pour nous pondre une clef si compliquée!, bougonna Kantyl. Si ces fichus bergers s’ennuient tant en gardant leurs troupeaux, qu’ils partent donc à l’aventure au lieu d’inventer des énigmes pareilles!»

Lan Boor sourit au ronchonnement de l’Enutrof et repris ses explications.

«-J’ai déjà essayé de changer les lettres de place, de lire le texte à l’envers et de remplacer chaque lettre par celle qui la suit dans l’alphabet. Hélas, toutes ces hypothèses ne produisent rien qui ait du sens! Par exemple la première phrase, si on change toutes les lettres avec leur suivante donne:
«Jej tfrpud nf Rtfojft Dpvenjft...»

- Oh! On dirait Mamie quand elle s’étouffe avec son sandwich! rit Yavel.
- Gnagnagna, aucun respect! Screugneugneu!
- Peut-être le texte a-t’il été écrit par des Enutrofs avares en voyelles? plaisanta Magh.
- Mais oui bien sûr! s’écria, enthousiaste, Lan Boor qui reprit son griffonnage frénétique. Magh! Tu es génial!
- Humpf! Pas besoin d’être un génie pour savoir que les Enutrofs sont avares...
- Mais non crétin poilu! Les voyelles! Le «truc» de cette énigme réside dans ses voyelles!»

Pendant que le Sadida réfléchissait comment il était passé en deux secondes du statut de «génie» à celui de «crétin poilu» (même si pour les poils, il avait une idée), Lan Boor noircissait ses parchemins, essayant les différentes combinaisons que son esprit en ébullition lui proposait.

HRP/ Et vous? Trouverez-vous la clef de cette énigme? /HRP
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