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 Par-delà les montagnes : Prélude

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MessageSujet: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeVen 27 Mai 2011 - 23:16

Plaines de Cania
14 Flovor 405


Alors que le Soleil illuminait généreusement ce hameau d'une cinquantaine d'habitants en ce jour des amours, les adultes profitaient de cette journée romantique entre couple et les enfants flânaient, jouaient, se disputaient pour toute sorte de motif sans se soucier de l'avenir, dans l'éternelle et indescriptible innocence que nous regrettons tous un jour.

« Moi je veux jouer à Saute-boufton ! Fit l'un d'eux
- Oh non ! Je préfère chacha perché ! Répondit un autre.
- Et toi Irkol, qu'est-ce que tu veux faire ? »

Ce gamin à qui on demande son avis, c'était Irkol Serpastion, fils de Dermakos, le puissant bûcheron du village capable de soulever des stères de bois de Bombu par la seule force de ses bras.
Si le paternel suscitait l'admiration par sa force incroyable, son physique imposant ou même sa bonté de coeur, il n'en était rien pour l'ennuyeux Irkol, le petit blondinet aux manières féminines, avide de savoir plutôt que de joie, préférant l'étude de l'alchimie aux loisirs que les marmots de son âge pratiquaient à l'accoutumée.


« Ca... Ca ne m'intéresse pas, dit-il timidement... J'ai d'autres choses à faire.
- T'enfermer à lire des livres, pauvre gars... »

Et la bande s'éloigna en riant.

« Je n'ai pas besoin de vous de toute manière... »

De toute son enfance, Irkol ne s'était jamais senti à sa place parmi les autres garçons, trop brute pour certains, trop ignorants pour d'autres.
Il se renfermait dans son monde, à écrire, à conter, à imaginer des scènes épiques dont il devenait le héros pour quelques minutes, des instants précieux durant lesquels il se sentait maître du monde... avec elle...

Au loin, il la voyait, assise sur ce banc de chêne où il l'avait vue pour la première fois, sa chevelure brune prise dans ce vent d'hiver et ses yeux d'opale parcourant les lignes d'un parchemin qu'il avait rédigé et pris soin de déposer à un endroit où il semblait certain qu'elle le trouve.
Malgré son jeune âge, il semblait déjà vouloir jouer au jeu des grands, au jeu de l'amour et des sentiments, au jeu des belles lignes et du romantisme comme ses parents.
Il la contemplait, il l'observait sourire.
Elle devait surement se moquer de lui, se moquer de cet acte complètement idiot pour un gamin de quatorze ans, à destination d'une fille du même qui avait surement autre affaire à régler que de lire les rêves d'un petit enfant dans les nuages.

La jeune fille replia le parchemin une fois sa lecture terminée, puis le déplia une nouvelle fois pour le relire.
Irkol sentait son coeur bondir dans sa poitrine alors qu'il entreprenait sa marche en direction de ce banc, de cette fille, sans vraiment savoir quoi dire.
Il avait beau être doué pour mettre des mots sur du parchemin, il demeurait médiocre lorsqu'il s'agissait de prononcer de telles phrases à voix haute, et encore moins dans une telle situation qui faisait virer son teint pâle à un rouge qui n'avait rien à envier aux fruits d'été.


« Je...Tu... Salut. 
- Euh... Salut.
- Je peux m'asseoir ?
- Oui, oui, bien sûr.»

Elle replia le poème, jurant de le relire une fois rentrée dans sa chambre, et regardait ailleurs, timide, cherchant à tout prix à ne pas croiser son regard.

« C'est... C'est toi qui l'a écrit ? Demanda-t-elle simplement.
- Oui, se força-t-il à répondre
- Bien... C'était... Très beau... »

Et un silence pesant s'empara de la scène, sans que ni l'un ni l'autre ne se décide à faire avancer le sujet, alors que le Soleil virait à l'orange du crépuscule, et que les enfants commençaient à rejoindre leur doux foyer.
La main d'Irkol effleura par mégarde le bras de son amie, lui arrachant un frisson ainsi qu'un timide sourire.
Et ils rirent ensemble, jusqu'à voir leur tête se pencher l'un vers l'autre, éclairés par la lumière tamisée de l'astre couchant qui illuminait ainsi leur premier baiser.

De l'autre côté de la scène, les autres se regardaient bouche bée.


« Bêêêêêêêrk ! »
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeVen 27 Mai 2011 - 23:18

Plaines de Cania
20 Jouillier 407


Irkol était désormais âgé de 16 années et s'empressait de terminer ses préparatifs.
L'année dernière, celle qui l'aimait avait dû déménager pour un village lointain de la plaine des Scarafeuilles et chacune de ses venues dans ces contrées devenait un moment de fête dans le coeur du jeune homme, disciple du culte de Féca.

Ne laissant aucun détail au hasard, le jeune homme voyait les aiguilles de l'horloge défiler à la fois trop lentement, ce qui retardait sa venue, à la fois trop vite pour ne pas lui laisser le temps de tout achever.
A 14 heures, les pattes des dragodindes amandes martelant le sol de terre se firent entendre pour annoncer la venue de l'invitée tant attendue, et Irkol se précipita à l'entrée du village pour y accueillir sa moitié d'une douce étreinte.
Mais le nuage de poussière soulevé semblait trop important pour une simple arrivante.

En trop peu de temps pour réagir, des hordes de pillards se ruaient sur le hameau, lames à la main et tuaient sans état d'âme le premier à se trouver sur le chemin de leur monture.


« Nous restaurerons Bonta la lumineuse, criait celui qui semblait être leur meneur. Les misérables qui ne peuvent combattre ne méritent pas de peupler notre terre »

Le première pensée du jeune homme fut envers son aimée qui aurait pu croiser la route de ces barbares qui prétendent suivre des idéaux purs, mais il fut rattrapé par la réalité et rejoint l'étable ou les montures de la famille ne demandaient qu'à partir au gré des vents, loin de cette cruauté sans nom.

« Et que ferons-nous du reste de la population ? Demanda-t-il à son père.
- C'est chacun pour soi Irkol, nous ne pouvons tous les sauver. En avant ! »

Ensemble, les montures rousses s'en allèrent, ayant pour passagers Irkol, ses parents et ses trois soeurs, dont l'une venait à peine de naitre.

« Et où irons-nous ? Demanda le disciple de Feca.
- Nous nous abriterons dans les landes de Sidimote, annonça Dermakos, le bébé en pleurs dans ses bras.
- Je dois la prévenir... Je fais demi-tour !
- Bon sang Irkol, c'est de la folie ! Ils ne feront qu'une bouchée de tes maigres bras s'ils te voient.
- Je resterai aux alentours pour lui dire de s'enfuir, ne t'en fais pas !
- Mais tu en trouveras d'autres des filles, il en existe plein à travers le continent ! »

Le jeune homme hésita, les sourcils froncés.

« Ce n'est pas une autre que je veux. »

D'un coup sec, il fit faire volte-face à sa monture pour se rediriger vers le village en proie aux sauvages... Mais sa route ne fut pas longue et il n'eut pas à regagner sa maison pour trouver ce qu'il était venu chercher.
A mi-chemin environ, Irkol découvrit le cadavre de deux dragodindes amandes dont la vie avait sans aucun doute été ôté par de tranchantes lames, les mêmes qui s'imprégnaient de sang dans son village.
Pour le guide, il n'y avait plus aucun espoir, son âme avait déjà quitté l'enveloppe corporelle qui gisait sur le sol herbeux.
Mais elle, malgré son abdomen transpercé et ses jambes brisées par la chute semblait résister tant bien que mal à un funeste destin.

Descendant en vitesse de sa monture, Irkol s'empressa de rejoindre son corps suffoquant et crachant du sang.
Il saisit sa main, elle la serra du peu de force qui lui restait encore, sentant la vie peu à peu s'échapper.


« Contente-toi de vivre, fit-elle lentement, d'une voix faible... De vivre heureux...
- Et comment je m'y prends si tu dois t'en aller. »

Elle ne répondit pas... Elle ne pourra jamais lui répondre...
Les battements de son coeur se turent à la fin de ses mots, laissant couler les larmes sur la joue du jeune homme venant de perdre une part de son existence.


« Si jeune... dit une voix derrière. »

Le père d'Irkol venait de le rejoindre et contemplait cet étrange paysage, sans voix.
Il s'approcha de son fils, posant une main sur son épaule comme si cela pouvait soulager sa peine à cet instant
.

« Je n'ai même pas pu lui dire au revoir...
- Ainsi va la vie mon garçon... Viens, on nous attend...
- Laisse-moi au moins l'emmener avec moi.
- Allons Irkol, nous peinons déjà à emmener six personnes vivantes sur nos maigres montures, nous ne pouvons nous permettre cela.
- Mais... »

La mort dans l'âme, Irkol dût se résoudre à abandonner le corps de son amie, prenant soin de rabaisser les paupières sur son regard d'opale vide de conscience.
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeVen 27 Mai 2011 - 23:20

Landes de Sidimote
14 Novamaire 407


« Bon anniversaire Irkol ! »

Dix-sept bougies sur le gâteau au chocolat d'Irkol, son préféré.
Et pourtant l'amertume n'avait toujours pas quitté son esprit, accentué par le lugubre paysage des landes de Sidimote.
Dermakos, lui, s'était habitué à cette vie, coupant l'oliviolet à la place du bombu et en faisant le commerce, permettant à toute sa famille ainsi qu'au nouveau village naissant de jouir d'une vie confortable.

Mais les environs sombres déplaisaient fortement au jeune homme qui continuait ses écrits.
Ses sujets d'inspiration se résumaient en une seule pensé : ses yeux d'un bleu envoûtants, sa chevelure aux couleurs des ténèbres qui habitaient l'âme du disciple de Feca, rongé par la tristesse.


« Continue de vivre... se répétait-il. »

Il ressentait plus que tout le besoin de s'isoler, de prendre un peu de distance vis-à-vis de ce monde dont il enviait la joie, cette joie qu'il avait perdu ce jour d'été.
Ses pas le conduisirent au bien connu cimetière des torturés, bien au sud de l'endroit où sa famille avait élu domicile, et il se promenait comme si de rien n'était entre les tombes, sous l'épais manteau de brume de Novamaire.


« Continue de vivre... »

Une voix venait de résonner dans sa tête, encore une fois, mais ce ton semblait bien plus réelle, bien plus proche.
Irkol se retourna alors, tremblant, tombant nez à nez avec une silhouette se dessinant dans le brouillard, un visage qui le contemplait en souriant, et qui s'évanouit aussi rapidement qu'il était apparu.


« Où es-tu ? OU ES-TU ? »

L'écho de ses cris demeura sans réponse, et le jeune homme décida de rentrer chez lui afin d'annoncer l'incroyable nouvelle.

« Je l'ai vue ! Criait-il à qui voulait bien l'entendre. Je l'ai vue !
- Allons, mon fils, qui as-tu vu pour te mettre dans un tel état.
- C'est elle papa, je l'ai aperç...
- Oh non Irkol, le coupa son père. Tu deviens fou à ne penser qu'à elle...
- Mais je suis certain, j'étais dans le cimetière et elle est apparue.
- Cesse tes sottises, jeune homme ! Tu n'as rien pu voir de tel et tu en es parfaitement conscient ! Tu ne peux changer le passé Irkol, elle est passée de l'autre côté.
- Mais puisque...
- ASSEZ DE GAMINERIE ! Tout ce que tu as pu voir, c'est de la brume, et rien d'autre que de la brume qui s'est transformé dans ton esprit dément ! »

Pendant plusieurs jours, les deux hommes ne s'adressèrent plus la parole, alors que le fils se rendait régulièrement à l'endroit où la silhouette de son aimée s'était révélée.

« Ô brume, fit-il... Montre-la moi, rien qu'une fois, que je sache si mon esprit est confus. »

Mais rien ne se produisit, la brume ne parla plus jamais.
Toutefois, la conviction du jeune homme demeurait totale, et il ne pouvait se résoudre à abandonner une nouvelle fois ce qui lui était cher.
Préparant son matériel d'alchimie et des vivres pour la longue route qui l'attendait, Irkol se dressa devant ses parents ce soir du 4 Descendre 407.


« J'ai décidé de passer du temps avec les écrits de la bibliothèque d'Amakna. Je vous demande juste de me faire confiance, à moi, votre fils, votre sang. »

Le père s'avança, la mine renfrognée, agrippa son fils avant de le serre dans ses bras.

« Je te fais confiance mon fils, mais que ces sentiments ne te perdent pas.
- Ils m'ont déjà perdu le jour où elle est partie, où se trouve le risque désormais.
- Ta vie ne doit pas s'arrêter à ceci.
- Non, cela m'aidera à avancer. »

Une dernière étreinte, de dernières recommandations, puis le jeune homme prit sa route vers la connaissance, prêt à percer le mystère de cette Brume qui lui avait fait signe.
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 23:21

Amakna – Bord de la forêt Maléfique
19 Novamaire 407


Un sac du grand récolteur rempli de vivre sur le dos, son bâton de combat à la main, Irkol foulait pour la première fois les terres d'Amakna après avoir emprunté un passage souterrain qu'il avait repéré.
Sorti de ce tunnel sombre et après une folle course sur un chariot de mineur instable et des rails de bois branlant en tous sens, il pouvait de nouveau respirer cet air pur de la campagne amaknéenne et observer gambader les intrépides sangliers et les timides prespics sur ces vertes prairies.


Passé la découverte de ce paysage qui lui rappelait fort son village natal, bien loin de l'odeur du soufre et le bois sombre des oliviolets des landes, il crut apercevoir les fourrés bouger à l'opposé de la caverne dont il sortait.

« Il y a quelqu'un...
- Shhhhh ! »

D'après ses connaissances des environs, Irkol savait pertinemment que les buissons ne possédaient pas le don de la parole, et semblait curieux de connaître l'identité de cette personne.
Bondissant alors hors de sa cachette, un homme à l'épaisse barbe noire et aux longs cheveux noués en une queue-de-cheval se présenta couteau de chasse en main face à un sanglier plutôt épais qui se trouvait là...

Mais la bête n'eut qu'à donner un coup de ses défenses dans les genoux de son agresseur avant de s'enfuir à toute allure pour ne pas finir dans l'assiette de ce chasseur maladroit.
Approchant de l'homme légèrement blessé, Irkol l'entendait marmonner des insanités à l'égard de la bestiole.


« C'est ça, moque-toi, fit l'homme. Moque-toi de moi qui ne réussis rien de ma vie, pas capable de chasser un pauvre sanglier dodu et nourrir sa femme et ses enfants... Ah, mais suis-je bête, Feca ne m'a pas permis d'avoir des enfants et me maudit à cette vie sans saveur.
- Elle serait heureuse votre femme de vous entendre parler ainsi. »

Se sentant coupable des paroles qu'il venait de prononcer, il se gifla d'un coup sec, inspira profondément avant de masser son genou endommagé et égratigné.

« Je ne voulais pas dire cela, elle est tout ce que j'ai... Enfin, tu ne peux pas comprendre, tu n'es qu'un...
- Un gamin ? »

Pour la seconde fois en peu de temps, l'homme sentait avoir dit des bêtises et ne sut quoi répondre, préférant retirer les branches de cheveux gras plutôt que d'ajouter une autre gaffe à son palmarès.

« Vous savez, continua tout de même Irkol, j'ai beau être un adolescent, ce n'est pas pour autant que je n'ai aucune expérience dans ce monde. J'ai vu des scènes, j'ai vécu des épreuves comme la plupart des Amaknéens.
- Excusez-moi, jeune homme, se repentit l'autre. Je suis surmené ces temps-ci. »

Remarquant la présence d'une autre de ces créatures à la chair tendre, Irkol voulut montrer montrer à cet apprenti traqueur les ficelles de ce métier dans lequel lui-même s'était exercé dans les landes, même s'il fallait avouer que la viande de Croc Gland était coriace et celle de Scorbute bien trop maigre une fois la carapace retirée et les zones venimeuses ôtées.

Joignant ses mains, il fit apparaître sur le sol un de ces glyphes dont les disciples de Feca ont le secret, emprunta le couteau rouillé qui faisait office d'instrument de chasse à sa nouvelle connaissance et s'approcha sans se presser de sa proie.
Prise de panique, cette-dernière tenta de se sauver mais en vain, elle se retrouvait immobilisée, prise dans le sortilège de son prédateur qui n'avait plus qu'à planter son arme dans sa nuque pour en faire son prochain repas.


« Je suis admiratif, fit alors l'homme. Vous faites preuve d'un grand sang-froid et d'un professionnalisme exemplaire, quelle grande classe ! Mes glyphes sont si peu efficaces, mais peut-être pourriez-vous m'apprendre un peu plus...
- Oh là, l'ami... Je suis navré, mais d'autres affaires me préoccupent. Et cessons de nous vouvoyer, cela me met mal à l'aise.
- Alors laissez... pardon, laisse-moi au moins t'inviter et t'offrir un repas, que je te présente un peu à ma douce femme. »

Sachant ses réserves presque vides et ayant percé l'outre qui retenait son eau, il ne voyait pas la moindre raison pour décliner cette invitation, d'autant plus que cette homme paraissait plus que respectable malgré son allure primitive au premier abord.

« C'est d'accord, fit-il alors. Mais mettons-nous en route au plus vite. »

Les deux compagnons se dirigèrent alors un peu plus à l'Est.

« Au fait, mon nom est Irkol Serpastion, fils de bûcheron et alchimiste à mes heures perdues. Et toi qui es-tu ?
- Oh, moi on m'appelle parfois le bon-à-rien ou le berger des bouftous ravagés, mais je me moque de ces bougres, fit l'homme en accompagnant ses paroles d'un rire qui sonnait faux. Parfois, on m'appelle le rigolo, mais dans le bon sens du terme, car malgré mes ratés, je suis, sans me vanter, un bon compagnon de route. »

Il s'arrêta un instant dans ses phrases, repensant certainement à certains évènements heureux passés autour d'un feu de bois en compagnie d'amis ou d'autres familles de son village.

« Mais plus généralement, mon nom est Debrad Num. »
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeJeu 16 Juin 2011 - 22:35

Amakna – Coin des bouftous
19 Novamaire 407


Les deux compagnons marchèrent ainsi, Debrad portant le cadavre du mammifère sur son dos et guidant le jeune Irkol à travers les bois puis la plaine verdoyante qui s'en suivait, une grande étendue de terre foulées par les bêtes laineuses qui avaient donné à ce lieu le nom du coin des bouftous.

Au milieu de cette pelouse luxuriante se tenait une modeste maison rattaché à un enclos des plus rustiques à l'intérieur duquel ces mêmes animaux broutaient l'herbe généreuse de cet endroit si paisible.
A leur côté, une femme à genoux, vêtue d'un chaperon blanc tendait le biberon à un boufton à peine capable de se tenir sur ses quatre pattes.


« Du calme petit goinfre, fit-elle en riant. Tu ne pourras même plus te lever si tu continues à te gaver de lailait, et moi je n'aurai plus rien à donner à tes petits frères et soeurs. »

Irkol poussa le portillon grinçant et franchit la fragile barrière, suivi de près par son nouveau compagnon au torse bombé, près à raconter des exploits de chasse dont il n'était même pas l'auteur.

« Et surtout, garde le secret, je souhaite l'impressionner, murmura-t-il à l'adresse du jeune homme.
- Fais comme tu veux... »

La femme se leva pour se tourner vers les deux arrivants, dévoilant son visage à la peau pâle, le sourire formé de ces lèvres aux traits discrets, ses yeux d'un vert profond, brillants tel l'émeraude le plus lumineux que l'on puisse trouver, et une mèche d'un chatain clair qui descendait de son front pour venir s'échouer au bas de ses joues rosies.
A ses pieds, le nouveau-né commençait à gémir et à lui mordiller les sandales, pressé de pouvoir têter à nouveau ce liquide dont il raffolait tant.


« Enchantée, fit-elle d'une voix douce et empreinte de féminité. Mon nom est Felenaï, adepte de Feca la protectrice. Et vous êtes ? »

Irkol mit un temps à réagir, perturbé par ces orbites qui le fixaient sans flancher, comme s'ils sondaient son âme jusque dans ses recoins les plus sombres.

« Je me nomme Irkol, défenseur de cette même déesse et venant des grises terres de Sidimote pour me rendre à la bibliothèque d'Amakna.
- Oh, un jeune homme studieux. »

Derrière, Debrad imita un toussotement pour signifier sa présence et agita le cadavre de sanglier sur ses épaules pour le montrer fièrement à son épouse puis le déposa soigneusement à terre.
Elle approcha, toujours avec ce sourire enjôleur et vint passer ses bras autour de son cou, le fixant droit dans ses yeux noirs avant de l'embrasser tendrement.


« Mais je ne t'ai pas oublié toi, fit-elle de sa voix si légère. Et je te connais suffisamment pour affirmer que ta main n'a pas achevé ce sanglier, je me trompe ? »

Son mari grogna légèrement, contrarié que son plan soit si facilement réduit à l'échec, mais pardonna facilement à cette beauté, à cet esprit, à cette femme aux merveilles.

« J'admets que le petit jeune m'a un peu aidé...
- Petit ? Rétorque Felenaï
- Un peu ? S'indigna Irkol
- Bêêêêêê ? Reprit le boufton affamé »

Felenaï fit alors demi-tour pour réconforter le petit, le prit dans ses bras et l'emmena à l'intérieur de la chaumière, invitant les deux hommes à l'extérieur à la rejoindre.

« Un sacré bout de femme, tu ne trouves pas Irkol ? Mais regarde-moi ta tête, on dirait que tu as vu un fantôme, hahaha ! »

Debrad rejoignit alors son épouse, laissant Irkol seul dans ses pensées envers cette nouvelle rencontre au visage et aux manières pourtant si familières.

« Oh oui, tu ne crois pas si bien dire... »
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeMar 28 Juin 2011 - 16:23

Amakna – Coin des bouftous
26 Javian 408


La pluie martelait les fenêtres de la maisonnette, et le vent avait déjà endommagé les frêles barrières de l'enclos ainsi qu'une partie de l'abri des bêtes, créant pour les bouftous un passage vers la liberté et la vie à l'état sauvage.
Entendant le vacarme de la tempête et des sabots de leur élevage, le couple de bergers sortit d'urgence, constatant le désastre provoqué par l'averse et les bêtes apeurées.


« Deux brèches, constata rapidement Debrad, la mine dépitée. Occupe-toi de retenir ce côté, je me charge de l'autre. »

Le disciple de Feca se téléporta à l'autre bout de la construction, lançant son glyphe d'immobilisation au milieu de la meute, malgré une efficacité toujours aussi discutable que lors de ses nombreuses parties de chasse face aux sangliers de la forêt.
Les grosses gouttes tombaient sur le paysage et sur le visage du berger, venant un peu plus perturber sa concentration.

De l'autre côté, sa femme devait affronter une masse moins imposante de laine et de bêlement, et sa sérénité devint un atout de taille pour ramener tout ce beau monde dans leur habitat en peu de temps.
Arrivée à la porte de l'abri, Felenaï fit rentrer ses bouftous et bouftons avant de regarder en direction de l'autre brèche, apercevant son mari entrer dans une rage folle après que l'un des animaux fuyards put se libérer de l'emprise du glyphe.


« Calme-toi, amour, fit-elle pour elle-même. Tu ne fais que les effrayer. »

Mais les nerfs à vifs du fermier ne semblaient pas vouloir se détendre

« Reste ici, salopard de... »

Il n'eut le temps de terminer sa phrase que la bestiole s'arrêta net dans sa course, les pattes clouées à la terre boueuse, bêlant de toutes ses forces afin qu'on la relâche et qu'on la laisse gambader.
Heureux d'avoir enfin pu réussir son coup, la joie de Debrad s'évanouit aussitôt lorsqu'il distingua la silhouette d'Irkol.

L'évènement clos et les installations réparées suivants les conseils du jeune homme, les trois se retrouvèrent dans la chaumière, dans laquelle Irkol avait élu domicile depuis leur rencontre, après l'invitation de la douce et compatissante Felenaï.
Chaque matin, il partait tôt pour se rendre à la bibliothèque et rentrait seulement le soir venu, étudiant toute la journée durant les mythes et autres fantaisies qu'il pouvait trouver sur une Brume mystique qui manifesterait les souvenirs des êtres trépassés.


« As-tu trouvé ce que tu cherchais ? Demanda Felenaï. »

Timidement, Irkol fit non de la tête, n'osant regarder cette femme dans les yeux si envoûtants qui semblaient lire au plus profond de son âme et des peines à chaque fois que leur regard se croisaient.

« Ne veux-tu pas nous dire ce que tu cherches ?
- Vous me prendriez pour un demeuré, répondit-il, le poing sous la joue et le regard évasif. »

Le couple n'osa répondre, comprenant que les affaires du jeune homme devaient être suffisamment importantes pour faire un si long voyage à un si jeune âge.
De toute leur vie, aucun n'avait perçu une telle détermination, un tel dévouement dans la tâche que se donnait ce courageux disciple de Feca.


« Sinon, fit Debrad pour changer de sujet... Pourrais-tu m'expliquer au moins comment fonctionne ce glyphe que tu manies si bien.
- La sagesse est le maître des mots, répondit Irkol. C'est la plus importante des notions dans le contrôle des autres, des mouvements...
- La sagesse, répéta l'homme... Et comment l'améliorer ?
- Contrôle ton esprit, apaise ton âme, et la voie de la sagesse pourra alors s'ouvrir vers toi. »

Sagesse... Ce mot résonna toute la nuit dans l'esprit de l'homme, lui qui n'avait juré que par ses sortilèges et l'art du combat au bâton lors de ses excursions.
Il se sentait honteux d'avoir failli à sa tâche ce soir-là, et sans l'intervention d'Irkol, la moitié de ses bêtes, et avec cela, de ses maigres revenus se serait envolée, volatilisée dans la nature et profitant aux chasseurs en quête de viande de bouftou.

Le lendemain, la tempête ne semblait déjà plus qu'un lointain souvenir, et le garçon de Sidimote s'apprêtait à prendre sa route vers les manuels et les parchemins, lorsqu'il fut arrêté dans sa route par Debrad.


« Ecoute Irkol, commença-t-il, ne pourrais-tu pas m'enseigner juste un ou deux tuyaux concernant la maîtrise de ces glyphes ?
- Debrad, j'ai à faire et tu le sais bien. De plus, tu restes le seul capable de trouver cette voie qui refuse de t'apparaitre. »

L'homme l'emmena alors un peu plus loin, souhaitant éviter de réveiller sa compagne encore endormie.

« Je t'en prie, mon ami. Regarde-moi, le plus grand des ratés sur ce continent, incapable de retenir trois pauvres bouftous, ridiculisé devant ma propre femme.
- Allons, fit-il. Tout ce que je vois en elle, c'est l'amour qu'elle te porte, et cela peu importe tes lacunes ou tes défauts.
- Tu ne comprends pas... Je veux me sentir capable de la protéger, au cas où il lui arriverait un malheur. »

L'expression employée par le berger fit naître une pointe d'amertume chez le jeune homme, lui qui ressentait déjà ce sentiment, s'en voulant de ne pas avoir été présent pour sauver sa chère et tendre de ces guerriers aux lames acérées.

« D'accord, fit-il alors. Mais d'abord, je dois consulter les archives. Repose-toi, et nous commencerons par la suite. »
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeDim 17 Juil 2011 - 16:25

Amakna -Bibliothèque
27 Javian 408


Arpentant les innombrables rangées de manuscrits du bâtiment, le jeune Irkol espérait enfin trouver son précieux sésame afin de renouer le contact avec cette silhouette de brouillard aux traits si enchanteurs.
Néanmoins, en ce froid jour de Javian, l'esprit du disciple de Feca semblait se promener ailleurs, loin des lignes de ce livre intitulé Dialogue avec les fantômes dont il tournait les pages sans même en prendre connaissance.

Incapable de se concentrer, il se décida finalement à ranger l'écrit dans son étagère et saisit une des lampes à huile posées sur la table massive, puis sortit discrètement dans la cour du bâtiment.
Là, il ramassa les branches qu'avaient laissées tomber les frênes et châtaigniers désormais nus de leurs feuilles et les planta côte à côte dans la terre encore humide à cause de la pluie des dernières nuits.
Délicatement, il embrasa un à un ces piquets de bois, remerciant le vent de ne pas souffler en cet instant, puis une fois sa tâche accomplie, s'assit sur un banc non loin de cette création, ces dix-huit bougies improvisées qu'une douce bise vint éteindre quelques secondes plus tard.


« Joyeux anniversaire, murmura alors le jeune homme, les yeux levés vers le ciel... Même si ce ne sera désormais jamais plus pareil... »

Devant la porte d'orme, un homme observait la scène d'un air étonné par ce jeune garçon si tourmenté, et s'approcha alors de lui et des bâtons dégageant une fumée grise dans l'air.

« Il ne fait guère bon de rester ainsi dans le froid, aussi peu vêtu que tu l'es...
- Depuis combien de temps me suis-tu, Debrad ?
- Nous en parlerons à l'intérieur. »

Une fois rentrés, ils prirent soin de s'asseoir à une table bien à l'écart des autres occupants de la pièce, et Debrad mit un épais manteau de laine de bouftou qu'il avait tricoté lui-même sur les épaules frigorifiées d'Irkol.

« Tu n'as vraiment plus tout ton esprit, fit-il...
- Ne me tiens pas ce genre de discours toi aussi, que l'on ne peut pas changer le passé et que l'avenir doit rester notre seul objectif, car...
- Non, le coupa l'homme à la barbe noire, je parlais simplement du fait de partir à l'aventure par ce temps avec une simple tunique en coton. »

Ils restèrent sans oser se parler, le plus vieux des deux contemplant les alentours de cet endroit où il ne se rendait jamais tandis que l'autre regardait ses pouces qu'il faisait tourner, l'âme toujours envahie par un visage souriant, toujours le même depuis des mois.

« Alors, fit finalement Debrad qui continuait son inspection visuelle en même temps, tu es certain de ne pas vouloir en parler ? »

Aucun bruit, aucun son, juste un soupir...
Irkol avait en effet du mal à digérer le fait d'avoir été suivi sans même le remarquer, sans même savoir la raison de cette filature.


« Tu m'as suivi, murmura-t-il, un son à peine audible pour Debrad qui le fit d'ailleurs répéter avant de distinguer les paroles.
- Tu me paraissais bien mal en point ces derniers temps, je ne faisais que m'inquiéter pour toi. »

Encore une fois, le silence se fit entre les deux hommes, jusqu'à ce que le berger le brise une fois de plus, agacé.

« Pourquoi t'obstines-tu à garder tout cela pour toi ? Libère ton fardeau Irkol, je serai capable d'en porter une partie mais tu dois me faire confiance.
- Soit... »

Il exposa alors les grandes lignes de son histoire, les raisons de son départ de Sidimote et ce qui le fait venir dès l'aube dans ce lieu pour y étudier tout manuscrit porteur d'une lueur d'espoir, même infime.
Debrad buvait ses paroles, admiratif envers ce jeune homme si dévoué envers son aimée disparue, et une fois la discussion terminée, se leva d'un coup et saisit son ami par le bras pour l'amener à l'extérieur.


« Pourquoi fais-tu cela ?
- Tiens-toi tranquille, la route ne sera pas longue mais elle pourrait être désagréable si tu ne te laisses pas faire. »

Et en effet, il ne leur fallut que peu de temps à marcher en direction du Sud pour finalement se trouver devant un horloger portant une enseigne montrant un sablier.

« Puisque le passé semble être ton problème, fit alors Debrad, je te présente le temple du dieu Xelor. »
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeDim 11 Sep 2011 - 14:20

Amakna – Temple de Xelor
27 Javian 408


Irkol observait le bâtiment dans ses moindres détails, scrutant les deux horloges dont les balanciers parfaitement équilibrés rythmaient les secondes qui s'écoulaient, notant avec étonnement l'oiseau inquiétant qui surplombait la porte de ce temple qui n'en paraissait nullement un depuis l'extérieur.
Le vent glacial n'inquiétait guère le jeune disciple de Feca dont la flamme intérieure se raviva dans l'espoir de trouver en ces lieux une réponse à ses interrogations.
Mais contrairement à lui, Debrad ne supportait plus le froid qui s'installait dans son corps, le faisant claquer des dents et des genoux malgré les épaisses fourrures qu'il portait. Celui-ci invita alors le jeune homme à entrer, ce qu'il fit, le coeur rempli d'appréhension.


Il découvrit alors de nombreuses étagères parsemées de sabliers en tout genre, des engrenages gigantesques permettant de mesurer avec une précision extrême la progression du temps sur l'Horloge de Xelor, ainsi que d'autres mécanismes toujours plus compliqués.

Si la maîtrise du temps semblait familière aux disciples de ce temple, Irkol ignorait de quelle manière ses membres pourraient l'aider dans sa quête et décida de ne pas rester un instant de plus, tournant les talons pour se diriger vers la sortie, alors que Debrad observait, émerveillé, une petite pendule ou deux hommes bandelés martelaient une enclume chaque seconde, faisant ainsi progresser la trotteuse sur le cadran de cette horloge
.

« Il est inutile de vouloir réparer les erreurs du passé, fit une voix nasillarde. Le destin reste une entité que même le Grand Chronomaître malgré son infinie sagesse ne peut contrôler. »

Les deux compères se retournèrent en direction de cet étranger au corps entièrement recouvert de bandelettes, s'adressant à eux en ces termes.

« Que vous jetiez la mer d'Asse ou un verre d'eau sur le chas d'une aiguille, il n'y passera jamais plus qu'une simple goutte. Sachez modérer vos efforts, agir avec sagesse ou tous vos efforts superflus ne sauront trouver que l'échec.
- Savez-vous au moins ce que je recherche ? Demanda Irkol à son vis-à-vis. »

L'homme se tut, hochant la tête de droite à gauche et poussant un soupir d'exaspération.

« Peu importe ce que tu recherches, jeune homme... Les réponses ne viennent guère lorsqu'on les cherche trop.
- C'est bien mal me connaître. »

Vexé par les paroles de cet homme qu'il jugeait ignorant, Irkol partit en trombe de cet endroit maudit, rattrapé par Debrad qui le saisit par l'épaule.
Ce-dernier aperçut les larmes couler sur le joue du jeune disciple de Feca et remarqua également sa respiration forte, témoins de la rage et de la tristesse qui pouvaient l'animer.
Les sanglots et la fureur dissipés, ils s'assirent ensemble sur un banc à l'orée de la milifutaie, parlant paisiblement de choses et d'autres afin d'oublier cette mésaventure.
Pourtant, le plus vieux des deux personnages souhaita y revenir.


« Je suis navré, commença-t-il...
- Tu ne pouvais pas le savoir... Personne ne pouvait le prévoir... Sauf bien sûr ce bougre qui se croit omniscient ! »

Il frappa du poing le banc de chêne, faisant ainsi craquer ses doigts et lui arrachant un cri de douleur.
Massant ses articulations, il reprit la discussion.


« Je suis seul dans ce combat, j'en ai conscience...
- Tu es seul parce que tu souhaites l'être... Felenaï et moi sommes là pour t'entourer... Et d'ailleurs, en parlant de mon épouse... »

Debrad se repassait dans son esprit les mots prononcés par le disciple de Xelor au temple, et annonça son intention à Irkol.

« Cet homme... Il parlait de sagesse, de culte de Xelor, c'est exact ? »

Irkol acquiesça de la tête, tandis que Debrad restait silencieux, observant le sol sans la moindre expression dans son regard, pensif...
Toujours remué par son dialogue avec le responsable du temple, Irkol ne tenait plus en place, frappant l'air de ses poings comme pour s'apaiser.
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeDim 29 Jan 2012 - 18:26

Amakna – Coin des bouftous
27 Javian 408



La nuit froide de Javian s'était emparé du paysage, et les deux compères décidèrent de rentrer au bercail avant que l'obscurité ne les perde.

Le duo reprit ainsi sa route sans se parler jusqu'à la maisonnette qui portait encore les marques de la tempête de la veille sur ses murs et son toit aux tuiles instables.
Irkol ouvrit la porte à la volée et se dirigea comme une flèche vers sa chambre, sans même adresser la parole à Felenaï qui l'accueillait d'un sourire aussi ravissant et enjôleur qu'à l'accoutumée. Cette fois, pas même la douceur de sa voix ou la tendresse naturelle de cette femme ne parviendrait à endormir la rage qui l'habitait. Aussi préférait-il ne pas rester en sa compagnie afin de ne pas devenir brutal envers elle.

Debrad suivit alors, l'air tourmenté et fut accueillie par l'étreinte chaleureuse de sa douce femme et fut gratifié d'un baiser tout aussi tendre, mais insuffisant pour chasser les démons de son mari.


« Pas trop de turbulence ? Demanda-t-il calmement, d'un ton tel que l'on aurait cru que toute la misère de monde se trouvait sur ses épaules à cet instant.
- Pas de quoi s'inquiéter, répondit Felenaï, les bouftous sont restés sages et paisibles... A la différence d'Irkol...
- Il est simplement contrarié, cela lui passera sans doute durant la nuit.
- J'ai l'impression que la contrariété a choisi une autre cible que ce jeune homme, je me trompe ? »

Debrad poussa un léger grognement, irrité d'avoir été découvert aussi facilement. D'un autre côté, le peu d'effort qu'il fournissait pour dissimuler ses tourments ne l'aiderait guère face à une femme ayant la capacité de percer tous ses secrets d'un simple regard.

« Un simple coup de fatigue, lâcha-t-il, ne trouvant aucune autre excuse plus convaincante. Une bonne nuit de sommeil et...
- Tu me mens, coupa son épouse. »

L'homme réitéra ses grognements, s'assit sur une chaise non loin avant de se prendre la tête entre les mains, dépité, troublé. Felenaï partit alors se saisir d'une chope en bois posée sur le buffet de la cuisine et la remplit d'une bière bien fraîche qu'elle servit à son époux. Elle avait bien conscience que tenter de le raisonner ou de le faire parler serait vain pour le moment. Aussi elle renonça et reprendrait cette discussion plus tard, se dirigeant vers la chambre de leur invité.
Mais elle n'eut le temps de l'atteindre que le garçon en sortit rapidement, le poing crispé sur son bâton de l'initié et le visage animé d'une ardeur encore jamais vue sur cet être d'habitude si calme et réfléchi.


« Pardon, 'dois m'entrainer, dit-il sèchement en bousculant Felenaï et en ouvrant une nouvelle fois dans un grand fracas la porte de la chaumière avant de se précipiter à l'extérieur. »

Debrad lâcha sa boisson et courut alors à sa poursuite, franchissant le seuil et se retrouvant dans la nuit et le brouillard de cette fraîche soirée.
Irkol se trouvait au milieu de l'enclos vidé de ses bêtes à invoquer des chafers qu'ils taillaient en pièce d'un coup de bâton hargneux, d'un éclair destructeur ou d'un glyphe enflammé dont les flammes montaient jusqu'au ciel, défiant les nuages et la pénombre.


« Tu es devenu fou !? S'exclama Debrad. Cesse cela Irkol ou tu vas tous nous emporter !
- Il me croit faible, répondit l'intéressé, tout en mettant le feu à un chafer. Il me pense incapable de venir à bout de ma quête, d'accomplir ma mission. Je lui montrerai, à ce crétin des pâturages qu'Irkol Serpastion ne recule devant rien ! »

La rage d'Irkol semblait inextinguible et ses coups devinrent de plus en plus puissants, de plus en plus furieux. Incapable de se maitriser, il paraissait se lancer peu à peu dans une ire destructrice qui pourrait réduire cet endroit en un tas de cendres en un instant.
Debrad choisit alors de se lancer tête baissée dans la bataille, prenant bien soin de lancer ses boucliers les plus efficaces avant de sonner la charge.
Mais malgré les protections, Debrad ressentait la douleur provoquée par les assauts du jeune garçon. Les flammes commençaient à brûler ses vêtements tandis que l'eau venait fouetter violemment son visage avant de le repousser au sol, faisant craquer ses vertèbres.

« Je t'en supplie, cesse tout cela ! »

Irkol se dirigea lentement vers Debrad, puis leva son bâton, prêt à lui porter le coup fatal.
Dans son regard, on n'apercevait plus la couleur de ses yeux. Iris et pupille avaient laissé à place à une sorte de brouillard se baladant sur ses globes occulaires.


« Les défunts réclament la sentence ! »

Le timbre de sa voix paraissait également altéré, et on aurait dit que plusieurs personnes s'exprimaient à l'unisson, utilisant le corps d'Irkol comme porte-parole.
Pris au piège, Debrad utilisa son sortilège d'immunité, mais celui-ci ne tint guère. Une étrange forme fantomatique vint entourer le disciple de Feca, brisant ses défenses, et des ronces sortirent de terre afin de bloquer le moindre de ses gestes.
Irkol s'apprêta alors à abattre son arme sur sa victime et dans un dernier réflexe de survie, celle-ci mit ses bras en opposition et ferma ses paupières, attendant l'assaut final.

Celui-ci ne vint pas.

Ouvrant timidement les yeux, Debrad distingua une forme grisâtre interposée entre lui et son assaillant, les bras en croix et défiant Irkol du regard.
Ce-dernier laissa échapper son arme alors que son regard reprenait son apparence première, tituba légèrement avant de s'effondrer sur les genoux, puis de s'étaler au sol.


« J'ai réussi, poussa-t-il dans un murmure »

Puis il sombra dans l'inconscience.
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeDim 3 Juin 2012 - 22:00

Amakna – Coin des bouftous
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« Il ouvre les yeux... »

Le sommeil forcé d'Irkol aura duré une semaine, sept jours de ténèbres pour le jeune homme avant que ses paupières ne décident de se rouvrir. Durant cette période, Debrad et Felenaï se relayaient à son chevet, face au corps du jeune homme, accompagnés bien souvent d'une étrange présence qui semblait de temps à autre murmurer à leurs oreilles des paroles incompréhensibles.
Le jeune homme dégagea la serviette humide de son front et tenta de se relever, mais une intense migraine le remit aussitôt à sa place. Plaquant sa main contre son front, il gigota un moment avant de s'immobiliser, gémissant.


« J'ai réussi, murmura-t-il alors, comme il l'avait fait avant de tomber dans sa torpeur.
- Tu as réussi ? S'emporta Debrad qui se trouvait à ses côtés. TU AS RÉUSSI !? Tu as bien failli nous transformer en grillades pour les premiers charognards venus.
- Puis-je me permettre de te corriger ? Répondit Irkol. Les charognards se nourrissent de cadavres en décomposition et non de...
- Mais tu insistes ! Coupa l'autre. Tu as manqué de nous tuer, et tu as calciné mon caleçon porte-bonheur, il n'en reste plus qu'un minuscule tas de cendre. Espèce de...
- Debrad !

Felenaï, alertée par le raffut, se tenait dans l'embrasure de la porte, jetant un regard glacé de désapprobation à son mari. Irkol voulut se redresser pour l'entrevoir, mais son violent mal de tête se réveilla aussitôt que sa nuque se détacha de son oreiller, et il dut de nouveau se résigner, grimaçant de douleur. Felenaï vint alors placer un nouveau linge mouillé sur le front du souffrant, et lorsqu'elle pencha sa tête au-dessus du lit du jeune homme, celui-ci ouvra grand les yeux, comme surpris, ou effrayé.

« Elle est encore là, murmura-t-il, fixant un point précis du plafond. Elle nous observe, elle me sourit.
- Elle ? S'étonna Felenaï en se retournant. Je n'aperçois personne. »

Pourtant, Irkol, toujours calé au fond de son lit distinguait bien cette silhouette grisâtre flotter au-dessus d'eux, riant en silence et dévisageant le jeune disciple de Feca d'un air enjoleur. Autour d'elle également se tenaient d'autres formes que le jeune homme ne reconnaissait guère, invisibles du couple. Un imposant guerrier à la cuirasse épaisse tenant une lourde Razielle jetait un regard de défi depuis le coin opposé de la pièce, un sourire narquois sur son visage. Une paysanne ne quittait pas ce combattant des yeux, elle, assise sur le tabouret de chêne près du bureau de l'étroite salle. Faisant tourner une mèche de cheveux clairs entre ses doigts fins, elle rêvait sans doute à des scènes romantiques en compagnie de ce protecteur de la justice.

« Les défunts... La Brume mystique que j'ai tant recherché... Je la vois enfin... Je la contrôle...
- Tu la contrôles ? Le coupa Debrad. Tu ne semblais pas contrôler les évènements hier soir. »

Irkol se leva d'un bond, brandissant le poing en direction de Debrad, poing au bout duquel un nuage étrange se forma avant de laisser place à une lourde épée bleutée semblable en tout point à celle du mystérieux chevalier au fond de la salle. Celui-ci se tenait d'ailleurs aux côtés d'Irkol désormais, bien visible de tous les protagonistes. Felenaï s'écarta brusquement, tandis que la paysanne rêveuse tomba à la renverse de son tabouret et disparut dans un « POUF ».

« Ne défie pas ceux qui ont lutté pour t'accorder la terre que tu connais en ces jours, gueux. »

Les lèvres d'Irkol et du chevalier bougeaient à l'unisson et l'on distinguait bien deux voix différentes, l'une douce et l'autre bien plus rauque et saccadée. N'osant répondre, Debrad regardait tour à tour le guerrier et le jeune homme, le premier brandissant une arme brumeuse tandis que celle du second semblait bien réelle, le tranchant affûté pour un objet qui ne se trouvait pas sous ce toit une dizaine de minutes plus tôt.
Mais à la tension déjà palpable se rajouta un autre mystère, lorsque la silhouette féminine se trouvant auparavant au plafond descendit de son perchoir pour passer ses bras autour du cou du jeune homme. Ce-dernier ferma alors les yeux alors que les lèvres fantomatiques de la jeune fille se déposaient sur son cou, et il relâcha sa lame qui, au lieu de provoquer un énorme fracas en heurtant les lames du planchers s'évapora dans la pièce à leur contact. La figure du chevalier en armure disparut alors de la même manière tandis que la dernière silhouette de Brume, celle de cette demoiselle angélique perdura encore un instant, ne se volatilisant que lorsqu'Irkol voulut lui saisir la main.

Rouvrant les yeux et découvrant les mines incrédules de ses compagnons, Irkol étouffa un léger rire.


« Je crois que j'ai à vous parler. »
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeSam 17 Nov 2012 - 19:14

Amakna – Coin des bouftous
3 Flovor 408


Irkol débuta alors son long récit, son enfance dans les plaines de Cania, l'attaque des bandits, la silhouette de Brume dans le cimetière et enfin l'origine de son départ si précipité. Ni Debrad, ni Felenaï n'osèrent l'interrompre ou lui poser la moindre question une fois son monologue terminé. Le jeune homme décida alors de faire part du fruit de ses recherches à ses compagnons.

« Lorsqu'un homme ou une femme perd la vie, continua Irkol, son corps rejoint la terre mais son âme persiste dans les airs et erre à travers les continents et les mers. Ainsi les défunts jugeant que leur vie fut trop courte persistent dans notre Monde sous la forme de la Brume, un brouillard invisible aux simples mortels qui ignorent on existence, égaré dans le ciel sans jamais savoir comment en redescendre..

Les prières d'un vivant peuvent cependant toucher le flux de ces esprits perdus dans l'immensité céleste et les guider vers la terre qu'ils ont arpenté il fut un temps. Une nouvelle vie pour eux en quelque sorte, pour ces héros ou badauds d'un ancien temps. Néanmoins, vous aurez remarqué que toutes les âmes de la Brume ne sont pas aussi pures, et certaines expriment même de la haine envers les vivants, jaloux de leur vie et de leurs aventures.

Ces âmes-ci tentent d'utiliser la faiblesse de leur invocateur pour s'offrir une seconde enveloppe corporelle. Ce fut malheureusement le cas de ce chevalier ou encore lorsque ma folie m'a emporté quelques jours auparavant. Toutefois, avec suffisamment d'entraînement...
- Quel entraînement ? Le coupa Debrad. Devons-nous risquer de mourir à chaque instant pour que tu réalises tes expériences spirituelles ? Que t'apporte la Brume hormis des fantômes et des crises de folie pour que tu la considères si importante ? »

Irkol se contenta de se lever de son siège et de demander à Debrad et Felenaï de le suivre à travers la maison. Il ouvrit alors la porte d'entrée, montrant alors un paysage en proie à une terrible tempête, en tous points similaires à celle qu'avaient dû essuyer les trois compères il y a à peine une semaine. La pluie battait et les vents soulevaient les planches de bois de l'étable et les bouftons trop frêles pour y résister. Debrad jura entre ses dents et courut rattraper un boufton pris de panique, mais au moment de le prendre dans ses bras, celui-ci disparut dans un nuage de fumée.

Irkol rappela alors son ami, lui ordonnant de rentrer, et lorsque Debrad franchit le palier, il constata avec stupeur que ses vêtements étaient on ne peut plus secs. Pas une goutte d'eau n'avait touché le lin de ses vêtements, pas plus que ses cheveux ou sa barbe noire. Il se retourna alors pour apercevoir un soleil radieux éclairer le paisible enclos, bouche bée.


« Les défunts nous observent, expliqua Irkol. Ils n'ont pas manqué la moindre miette de notre existence depuis leur place, et sont capables de la reconstituer devant nous. C'est ce qu'on appelle un Souvenir, une illusion si puissante qu'elle prend la place de la vraie nature des lieux, capable ainsi de dissimuler des arbres, des maisons, voire des forêts et des villes entières aux yeux de ceux qui ignorent leur présence.

Et pourtant, tes bêtes ne semblent pas avoir été dérangées par ce que tu as vu, ni même par ta course folle au milieu de l'enclos. La Brume choisit ses victimes, c'est comme si l'espace d'un instant, nous avions été transporté dans une dimension parallèle à la nôtre, situé dans un passé assez proche. Mais qui sait jusqu'où nous pouvons remonter.
- Mais cette illusion, reprit Felenaï... Elle est inoffensive n'est-ce pas ? »

Irkol ne répondit pas. A vrai dire, son émerveillement face à une telle puissance était tel que cette éventualité ne lui avait jamais frappé l'esprit. Que se passerait-il si les âmes de la Brume créaient un Souvenir et décidaient de s'en prendre à toute une population, sans même la crainte de mourir ?

« Je saurais les retenir, assura Irkol, sans même en être convaincu lui-même. »

Il retourna alors s'allonger, sans autre mot. Debrad n'avait pas quitté le paysage des yeux et balbutiait des « Mais... » de temps à autre, toujours aussi incrédule.
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeMer 17 Avr 2013 - 21:51

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10 Flovor 408



Les historiens racontent que Raval, protecteur du mois de Septange, appela la Brume lors de la Bataille de l'Aurore Pourpre, permettant aux soldats de l'Ordre du Coeur Vaillant de revenir à la vie un instant et de prendre en tenaille les soldats de la désormais déchue Cité de Brakmar, accordant de ce fait la victoire aux soldats Bontariens.
Si la présence explicite de la Brume n'était mentionnée dans aucun des récits, Irkol semblait persuadé qu'il tenait là la première manifestation de ce flux des âmes qu'aujourd'hui il essayait de domestiquer, sous le regard inquiet de ses hôtes.

Le jeune homme pouvait ainsi s'enfermer des heures durant dans sa chambre pour en sortir en sueur, épuisé, le teint livide et les membres tremblants. Sous la porte ou à travers les volets de bois de son nouveau laboratoire s'échappaient de temps à autres de fines volutes de fumée, de cette Brume si puissante d'après les dires du disciple de Feca. Le plus effrayant survint pourtant le 10 Flovor, une semaine suivant la présentation de cette entité mystique par Irkol.

Le petit groupe s'apprêtait à déjeuner comme à l'accoutumée, et Felenaï frappa à la porte de celui qu'elle avait appris à considérer comme un membre de sa famille malgré son caractère solitaire et renfermé. Pour seule réponse, elle n'obtint qu'un cri de douleur déchirant de l'autre côté du bois.


« Irkol ! Irkol ! Réponds-moi ! »

Une explosion fit voler la porte et une partie du mur qui la soutenait en éclat, laissant apparaître Irkol recroquevillé dans un coin de la pièce, à la merci d'un brigand de Brume. Le sorcier en herbe pressait un drap désormais empreint de sang sur son avant-bras gauche, tandis que sa main libre empoignait fermement le bâton de combat du jeune homme. Debrad tenta d'intervenir :

« Laisse-le tranquille ! »

Une gerbe de flammes jaillit de sa main puissante mais manqua sa cible, traversant le carreau de la fenêtre et embrasant les volets. Le bandit ne quittait pas des yeux sa proie, ignorant totalement l'attaque de Debrad pour ne se concentrer que sur Irkol. Il leva son cimeterre et l'abattit sur son ennemi.

« NON ! »

Felenaï fut la plus prompte à réagir, lançant un sortilège entourant les protagonistes et les environs d'une barrière de protection temporaire, et la lame ne put que rebondir sur la gorge d'Irkol.

« Qu'as-tu fait ! Tu m'avais promis que la Brume ne représentait aucun danger ! »

Pour la première fois, Felenaî laissa exprimer une certaine colère sans doute mêlée de tristesse à l'adresse du jeune homme. Sortant une baguette rhon de sa besace, la bergère la dirigea contre le blessé, lui permettant de soigner suffisamment sa plaie si le combat devait reprendre.

« Nous aurons de explications mon grand, tonna Debrad, furieux. Mais d'abord, comment nous débarrasser de cet énergumène ? Tu ne peux pas le renvoyer ?
- Impossible, répondit Irkol. Je n'y parviens pas... J'ai utilisé tous les sortilèges d'immunité et de protection que je connaissais, mais il ne semble pas céder.
- Ce n'est guère étonnant lorsque l'on s'amuse avec les morts de cette manière ! »

Excédée... Felenaî, d'habitude si douce et si prévenante était d'humeur massacrante après la découverte de la scène. Cramponnant fermement son arme de soin, elle fit signe à Debrad d'aller porter secours à Irkol, bloqué par l'imposante masse de son opposant.

« Nous n'avons pas le choix, déclara Irkol. Lorsque la trêve sera terminée, nous devrons l'affronter. »

Il tenta de se redresser mais fut immédiatement bousculé à terre par la silhouette de Brume, pris au piège comme on attache un chienchien à une chaîne. Le bouclier commença alors à disparaître puis s'évapora complètement.

Et la bataille s'engagea en un éclair.
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeMar 7 Mai 2013 - 19:39

Amakna – Coin des bouftous
10 Flovor 408

La lame du brigand fendit l'air mais ne trouva que le plancher, Irkol ayant eu le temps de se téléporter à l'abri de l'homme de Brume. Au même moment, un glyphe apparut sur le sol, entravant légèrement les pas de l'assassin, mais pas suffisamment pour l'empêcher de parvenir à la hauteur du couple. Son regard se posa sur Felenaï, et l'homme fut pris d'une mystérieuse rage.


« Encore toi ? Rugit-il. J'aurais juré t'avoir étripé il n'y a même pas une année ! La vue de ta chair en lambeaux, ma lame s'enfonçant lentement dans ton abdomen de jeune fille... Mais tu sembles plus âgée... »

Felenaï grimaça de dégoût face à cet être sans vergogne, et projeta une gerbe de flamme en sa direction, le touchant sans même lui infliger la moindre égratignure ou la plus petite des brulures.
Debrad se jeta à l'assaut de son opposant, bâton en avant, évitant de justesse le coup de sabre que son adversaire lui adressait. D'un coup précis, le disciple de Feca frappa son opposant à la gorge, coupant net sa respiration, en supposant que cette créature fantomatique pouvait encore en posséder une.
Genou à terre, l'homme poussa un grognement furieux, frappant et détruisant de son seul poing la cloison à sa droite. Les veines se dessinaient nettement sur la main portant son arme meurtrière.
Prononçant des sortilèges d'aveuglement, Irkol, bien remis de ses blessures, ne parvint pas à atteindre leur ennemi.

« Je vais tenter de le renvoyer d'où il vient, distrayez-le !
- Mais comment ? S'enquit Debrad »

Le jeune homme se garde bien de répondre qu'il l'ignorait, tant la situation semblait lui échapper. Néanmoins, l'espoir insufflé par cette requête suffirait peut-être à leur redonner confiance et à triompher.
Debrad provoqua alors son adversaire. Habile dans le maniement de son bâton et nullement gêné par l'étroitesse des pièces dans lesquelles il se battait, il parvenait à occuper son ennemi tandis que sa compagne se chargeait d'utiliser ses sortilèges de protection et sa baguette lors des rares fois où le brigand parvint à toucher son mari. Malheureusement, la force colossale du démon à qui il faisait face lui conférait un avantage certain. Attrapant Debrad au col, il le projeta par une fenêtre à l'extérieur de la bâtisse, le faisant atterrir sur une pile de bois et l'assommant sur le coup.

Sans défense et avec ses sorts de protection épuisés, Felenaï se retrouvait à la merci de cette brute.


« Revivons ensemble la scène de tes derniers instants ma jolie. Implore-moi comme tu le faisais ce jour de Joullier ! Implore-moi de t'épargner. »

Néant. La jeune femme retenait ses larmes face à son futur meurtrier. Irkol tenta bien de s'interposer mais il fut vite écarté par le brigand.

« Adieu... Encore... »

La lame transperça l'abdomen de sa victime... Mais nulle douleur ne fut éprouvée...
Felenaï regardait la lame s'enfoncer dans son ventre sans même ressentir le moindre frisson. Etait-ce la mort qui la rendait insensible ? La Brume n'influait-elle finalement par sur elle ? Les images d'Irkol ensanglanté lui revinrent à l'esprit et lui firent oublier cette hypothèse.
Elle remarque alors une besace aussi fantomatique que le bandit en face d'elle. Celle-ci paraissait se tordre dans tous les sens, comme si la lame froide du guerrier l'atteignait elle et non la jeune femme.

Un autre homme fit alors son entrée, une autre silhouette de Brume à l'uniforme de soldat, grand et mince et portant comme signes distinctifs un bandeau sur l'oeil droit et une longue barbe impeccable lui descendant jusqu'au nombril.
Pris de panique, le bandit se mit en garde pour affronter ce nouvel arrivant, mais la peur se lisait sur son visage... Il ne put que prononcer le nom de son ennemi avant de finir le gorge tranchée...


« Wahn... »
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeLun 6 Juil 2015 - 16:49

Amakna - Coin des bouftous
10 Flovor 408


Tous trois observaient le guerrier fantomatique sans oser prononcer le moindre mot... Apeurés, effrayés, mais aussi admiratifs face à la silhouette de Brume salvatrice. Dans sa main droite, l'étranger tenait une arme à mi-chemin entre la hache et la pelle et qui, malgré son apparence onirique, semblait faite de fer et d'acier.

Le corps de sa victime disparut en un tourbillon de brouillard, aussi brusquement que s'effondre un château de cartes emporté par le vent. Secoué par ces nouvelles manifestations, Irkol ne savait comment agir ou réagir. Le jeune homme réalisait à peine le danger dans lequel ses expériences que la morale réprouve sans doute les avait menés, tous trois... Pourtant, le succès de son entreprise se dessinait, et derrière le remords se cachait la fierté d'un jeune effronté et imprudent.

Une fierté que, de l'autre côté de la salle, ses hôtes ne semblaient partager, mais qu'ils n'osaient manifester publiquement, devant ce guerrier inconnu. Etait-il au service du jeune Serpastion ? Qu'arriverait-il s'ils venaient à le réprimander ? Les réactions de ce maudit brouillard paraissaient si instables, si imprévisibles que nul ne savait comment se comporter sans causer un grand malheur dans la fermette du coin des bouftous, qui en avait décidément trop vu.

« B... Bonjour... Wahn ? se risqua Debrad »

Le guerrier tourna rapidement la tête vers le berger, les sourcils froncés et le regard noir, la main crispée sur son arme. Pris d'un instinct de survie, Debrad recula à toute vitesse, mais ses jambes se révélèrent peu promptes à communiquer entre elles, si bien qu'elles s'emmêlèrent, faisant s'étaler le pauvre de tout son long sur le parquet. Irkol, sentant un nouveau drame arriver, se plaça entre les deux personnages, les bras ouverts.

« Il est un ami ! Ne le blessez pas !
- Parfaitement, vieil homme, je ne veux pas de mal au petit Ikrol... Likor... Irkol, voilà, Irkol !
- Vieil homme ? interrogea Wahn d'une voix grave. »

Debrad eut l'étrange sensation d'avoir manqué de diplomatie dans un moment critique, et d'autant plus lorsque la silhouette leva son bras, brandissant son arme et l'abattant d'un coup sec... mais en manquant volontairement le fermier, ne lui coupant pas plus de trois cheveux. Une telle précision forçait le respect, pensa Irkol, ravi, tandis que les deux autres personnes en présence étaient trop affairés à retenir leurs cris de stupeur face à ce geste. Devant ces deux mines déconfites, Wahn partit dans un fou rire qui résonna dans toute la pièce... Un rire fort et puissant, montrant tout le coffre de l'individu, malgré sa forme peu humaine.

« Ah ah ah ! Pas de panique, mes amis... Les visites dans l'autre Monde sont suffisamment rares pour qu'on les découpe à coup de bêches. J'ignore qui tu es réellement mon garçon, mais tu te livres à des pratiques obscures auxquelles le commun des mortels ne devraient pas se livrer.
- Alors... Vous n'allez pas tenter de me posséder ? réplique Irkol
- Te posséder ? Maigre freluquet que tu es, quel en serait mon gain ? Tu n'es pas plus capable de lever une arme qu'un Iop est capable de compter les bouftons avant son sommeil... Voilà pourquoi ils souffrent tant d'insomnie... »

Et il repartit dans un rire qui fit trembler la bâtisse.


« Non, mon garçon... Il est des points de notre Royaume qu'il te faudra prudemment atteindre, pour ne pas en subir le courroux.
- Vous ne l'empêchez pas de se livrer à ces pratiques ? intervint Felenaï
- Très chère dame, répondit calmement Wahn, avec tout le respect que je vous dois, vous ne pouvez comprendre l'ennui que nos âmes ont à subir lorsqu'elles quittent nos corps.
- Pour rejoindre la Brume, fit Irkol, pour lui-même.
- Oui... la Brume... Pourquoi pas, c'est un nom qui se tient... Je suppose que tu connais son origine... Ces âmes qui quittent le Monde pour se replier dans ce flux en perpétuel mouvement... Eh bien, forcément, dès qu'elles sentent un point d'accroche, elles s'y engouffrent... Il ne tient qu'à toi de les contrôler, car tu ne peux laisser passer tout le monde...»

Irkol resta silencieux... Jusqu'à présent, il n'avait essayé que d'atteindre ce flux, sans réellement le comprendre. Il savait désormais qu'il était le dangereux lien entre deux univers que tout oppose, et que l'on n'hésiterait pas à se servir de lui pour assouvir ses désirs.

« Sachez toutefois que plus vous entrerez en communion avec ce que vous nommez la "Brume", plus vous serez remarqués par les âmes qui l'habitent. Et de fil en aiguille, vous deviendrez le centre d'attention de tout notre beau monde. Mais gardons plutôt les bonnes nouvelles, monseigneur. Je suivrai désormais vos pas, et vous compterez en moi votre plus fidèle serviteur pour maîtriser cet incessant flux qui pourrait vous causer du tort. Messire, faites du vieux Wahn votre humble gardien, celui qui ne laissera passer que les âmes de votre choix...
- Je... très bien... »

Felenaï et Debrad ne surent que répondre tandis qu'un immense sourire se dessinait sur le visage d'Irkol. Ce qu'aucun ne notait, c'était celui tout aussi satisfait qu'arborait Wahn.
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MessageSujet: Re: Par-delà les montagnes : Prélude   Par-delà les montagnes : Prélude Icon_minitimeMar 7 Juil 2015 - 14:30

Amakna - Dans la forêt
18 Flovor 408

Felenaï n'avait plus adressé la parole à Irkol depuis la dernière déconvenue qu'avait provoquée l'apparition des spectres dans la maisonnée. Pour autant, cette attitude froide et distante de la disciple de Féca ne semblait affecter le jeune, trop empli de fierté face à sa réussite. Contacter un esprit était la mission qu'il s'était donnée en quittant son village, et malgré sa naturelle gentillesse, Felenaï ne semblait comprendre en quoi cet épisode se révélait déterminant dans sa quête.

Irkol prenait toutefois soin de ne plus s'exercer à l'intérieur de la maison, dans laquelle il avait déjà provoqué bien trop de dégâts. Il préférait s'aventurer dans la forêt, loin des regards accusateurs de ses hôtes. Debrad non plus ne semblait pas avoir digéré la venue de l'assassin, pas plus que la provocation du guerrier Wahn. La tension entre le couple et le jeune amateur de Brume était réelle, mais il fut convenu qu'Irkol pourrait rester dans la maisonnée, et se voyait offert le gîte et le couvert. Ce que ce-dernier prenait pour de l'attention résultait en fait de la crainte qu'il inspirait à ces deux bergers : trop effrayés par la présence de Wahn, l'esprit protecteur du garçon, le couple n'osait s'opposer au moindre désir de ce sorcier nécromancien. Et une telle attitude entraîna également de grandes conséquences sur le tempérament humble et mesuré du petit Irkol.


« Pauvres ignorants...
- Mon maître a tort de se mettre en de tels états pour des mortels ne saisissant rien à votre cause, fit Wahn. Laissez donc les bavardages à l'auberge, là où ils ne dérangeront pas un être aussi vif que l'est mon bienfaiteur. Votre mission dépasse l'entendement. »

L'orgueil et la vanité animaient désormais son esprit auparavant si sage, comme si les merveilleuses perspectives que lui offraient la Brume lui faisaient tourner la tête. Que ferait-il d'un tel don ? Il n'en avait cure désormais, allant jusqu'à oublier l'objectif premièrement fixé.

Irkol s'assit dans l'herbe, les jambes en tailleur, ferma les yeux, et maîtrisa sa respiration. Il inspirait calmement, longuement avant de relâcher le tout d'un souffle continu et de reprendre son exercice de méditation. Une fois... Puis une autre... Et une dernière...
Le jeune homme vidait son esprit de toutes les pensées négatives qui l'habitaient. Il oublia ses membres... Il oublia son corps reposant au milieu des frênes et des châtaigniers. Il n'était désormais plus qu'un esprit lumineux voguant dans l'immensité céleste. Il observa sous ses pieds, ne distinguant que faiblement le feuillage des bois d'Amakna... Puis il regarda autour... Et il les vit...

Tout autour de lui, il les voyait ! Les esprits de la Brume erraient sans fin au-dessus des têtes des Douziens, et personne ne les remarquait... Personne sauf lui, un être décidément exceptionnel ! A peine eut-il cette pensée empreinte de suffisance qu'il sentit alors les regards se tourner. Il eut l'impression que la Brume l'observait, sans réellement en être assuré. Comment juger le regard d'une entité ne possédant nul oeil ?

Pourtant, le flot grisâtre semblait converger en sa direction, et des sifflements parvenaient à ses oreilles. Des visages et des bras se dessinaient ça-et-là dans le brouillard, essayant de s'en sortir comme on tente d'échapper à la noyade. Des sifflements stridents s'insinuaient dans l'esprit du jeune Serpastion, tels des signaux de détresse, des appels au secours. Bientôt, Irkol distinguait des silhouettes entières de personnes qui couraient vers lui, qui redoutait désormais la charge de ce troupeau affamé de vie...

Il aurait aimé retourner sur terre et retrouver la consistance et la chaleur de son corps, mais le spectacle effrayant ne lui laissaient aucune possibilité de concentration. Les esprits de la Brume, voyant là une porte de sortie vers le monde des vivants, allaient bientôt s'emparer de son corps pour s'offrir une seconde chance sous l'égide des Douze... Mais c'était sans compter sur l'intervention du gardien.

Wahn apparut subitement, et trancha dans le flot qui s'ouvrit au contact de sa pelle aiguisée. Étrange sensation que de voir un nuage s'éparpiller de cette manière, de voir un homme lutter contre le brouillard. Et pourtant, l'entreprise sembla suffisamment convaincant pour dissuader les assaillants et permettre à Irkol de rejoindre la terre ferme.

Le souffle court, son coeur battait la chamade. Tentant de reprendre une respiration convenable par tous les moyens, il posait ses mains en crois sur son torse, se roulant de douleur sur l'herbe froide en ce mois de Flovor. Il ne parvenait même pas à crier, sous le regard de Wahn, qui ne bronchait pas.


« Mais que fais-tu bougre d'idiot ! Tu ne vois pas qu'il étouffe ? »

La voix de Debrad tonna, et l'homme surgit de derrière un bosquet, se précipitant vers le corps animé d'Irkol. Mais Wahn lui barra rapidement la route de son allure toute aussi imposante que dissuasive pour un humain aussi faiblard que Debrad. Protestant face à cette imprudence, il fut interrompu calmement par Irkol, qui commençait à se reprendre.

« Je ne veux... que personne intervienne... Même un simple d'esprit pourrait saisir cet.. ordre...»

Debrad n'en pouvait plus de supporter cette attitude désinvolte et méprisante, mais se retint de peur d'affronter les foudres de Wahn.

« Et où est partie cette sagesse dont tu me faisais l'éloge, gamin ? Absorbée par la Brume ou évanouie dans tes galipettes sur l'herbe ? Tu es imprudent de maltraiter ton esprit de cette manière !
- Tu ne comprends décidément rien... Le pouvoir qui m'est donné est immense...
- Rien ne t'est donné Irkol ! Tu n'es pas plus un élu que moi ou que le kouin-kouin de grand-mère ! Tu as eu un coup de chance sur un moment, rien de plus... Et un coup de chance qui aurait rapidement pu se transformer en dernier soupir ! Pourquoi y a-t-il si peu de monde arguant de cette Brume pourtant omniprésente à ton avis ? Je gagerais mes kamas que leur fin fut tragique et sanglante.»

Irkol ne savait quoi répondre face à un tel argument. Les mémoires de la Brume n'étaient pas légion, et il lui fallut de longues et minutieuses fouilles pour en trouver la mention dans un texte. Quant à son contact avec ces forces étranges, il voulait bien avouer que le premier s'accomplit sous le coup d'un énervement malvenu, mais qu'il était à l'origine de toutes ses rencontres suivantes. Il se remémora les paroles du guerrier Wahn : "ils t'ont vu une fois, ils te suivront maintenant". Mais le jeune homme comprenait d'un coup tout le sens de ces lourdes paroles. Les âmes de la Brume ne suivent pas comme de loyaux sujets... Ils suivent par intérêt, celui de côtoyer à nouveau la vie qu'ils ont laissé derrière eux.

« Je...
- Irkol, fit Debrad, du ton le plus calme qu'il pût emprunter, ne te laisse pas embrumer...
- Que dois-je faire alors...»

Il se prit la tête entre les mains, et commença à pleurer à chaudes larmes.
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